vendredi 6 septembre 2013

Jean-Marc Roberts, Deux vies valent mieux qu’une,

Faut-il bien connaître l’œuvre et la vie d’un auteur pour l’apprécier?

Je découvre Jean-Marc Roberts avec ce  livre qui restera son dernier,  juste terminé avant sa mort,  en mars dernier, à 58 ans, ce dont les journaux ont beaucoup parlé. Directeur de Stock, il était  en couple avec la directrice des éditions «J’ai lu».  Un clic et on est vite renseigné à son sujet. Mais ça, ce n’est que le côté officiel et people. Le meilleur, c’est lui qui l’a évoqué dans ce récit écrit pendant sa lutte contre la maladie à laquelle il a fini par succomber: un cancer du poumon après 40 ans de cigarettes. 

Deux cancers en réalité : il en parle toujours comme «Tumeur 1, saison 1 … Tumeur 2, saison 2.» Ce n’est ni grave ni triste, c’est juste ainsi. Pour tout supporter, il évoque les meilleurs étés de sa vie, ceux passés en Calabre, chez son oncle Félix, quand il était adolescent et qu’il aimait chastement et sauvagement Amalia et Mariella, jamais revues depuis. La réalité, ce sont ses cinq enfants, de trois femmes différentes. Il les chérit et les protège mais il préfère vivre seul pendant qu’il écrit. Et son livre commence ainsi, en parlant, non pas de lui, mais de son voisin de chambre à l’hôpital et de son désir d’écrire et de guérir simultanément:
 Curieusement c’est à Gérard, mon voisin de chambre à la Pitié, que je pense le plus. Pour me demander ce qu’il devient après ces quelques mois, savoir s’il a une chance de s’en sortir. (…) Nous n’aurons cessé de plaisanter et de rire pendant notre courte vie commune. Deux tumeurs, pas de doute, je devais bien en rajouter un peu. Je minimisais tant la situation: éviter d’être plaint, protégé; La compassion m’a toujours inspiré un vilain sentiment.Certains, je m’en souviens, ceux qui m’aiment surtout, me conseillaient d’écrire. Écrire quoi, comment sur quel ton?  je rêvais et je rêve encore d’un livre pour s’amuser, incorrect, un livre dont on ne connaîtrait pas la fin, histoire de changer, enfin de surprendre. (…)Je ne veux rien sinon guérir. 
Pas facile comme exercice sûrement mais réussi.
Je me dis qu'il n'y a rien de plus commode et tentant que d'associer le froid de l'hôpital au sable brûlant des plages du sud de l'Italie. ... Je préfère les bouts, les instants, les petites ruse des magiciens, les tours des illusionnistes. 
La réalité désespère? Alors évadons-nous!  J'ai aimé. A relire s'il le faut puisque j'ai aimé. 

Jean-Marc Roberts, Deux vies valent mieux qu’une, 
( éditions Flammarion, 2013, 105 pages,) 

4 commentaires:

  1. Hou, voilà une lecture qui devrait me faire arrêter de fumer mais parfois on se demande justement s'il n'est pas trop tard alors que l'on sait le risque ! Paradoxal et incurable !!! ;)

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    1. C'est si bon? Finir de ça ou d'autre chose de toute façon, c'est toujours finir! J'apprends la légèreté avec ce genre de récits alors que je les aurais évités quelques années auparavant et ça aussi c'est paradoxal! :)

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  2. Réponses
    1. Je l'ai admiré et ce n'est ni plaintif ni ennuyeux une seconde!

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