lundi 21 mai 2012

L'éventail de Carlo Goldoni

Gertrude, une veuve aisée, Candide, sa nièce et Évariste, un jeune noble, sont les personnages centraux de cette comédie en trois actes, qui se déroule  sur la place d’un village près de Milan: les Maisons-Neuves.
Candide et Évariste sont amoureux mais d’autres les aiment également en secret  et voient d’un mauvais œil cet amour naissant. 
Il suffit alors d’une belle matinée où une quinzaine de villageois sont sur la place, à flâner ou à travailler,  pour qu’un incident très banal déclenche une mini-révolution. 
L’objet déclencheur de toute cette animation est un éventail, celui de 
Candide qui se casse  en tombant de la terrasse de la villa où elle brode à côté de sa tante, tout en observant  et en écoutant ce qui se passe autour d’elles.
Évariste  s’empresse alors d’aller acheter un nouvel éventail chez la mercière voisine puis de le donner à la jolie Jeannine, une jeune paysanne très courtisée, elle aussi, en lui demandant de le donner en secret à Candide. Cette dernière, qui a vu toute la scène, imagine  alors que son amoureux  la trahit en offrant un cadeau à une autre. Morte de jalousie, elle cherche à se venger sans attendre.  Justement le comte vient de demander  sa main à sa tante… 
Une série de quiproquos s’ensuit,  entraînant,  comme toujours,  jalousies, mensonges, médisances et bagarres. Tout le monde prend parti pour un camp ou pour un autre tout en y cherchant uniquement  son propre compte,  bref, les sentiments de tous s’exacerbent et se dévoilent jusqu’à ce que tout s’apaise et reprenne son cours habituel. L'éventail est passé de main en main avant d'aboutir enfin à celle à qui il était destiné.  Nous sommes dans une comédie délicate, légère et enjouée où, naturellement tout est bien qui finit bien. 

L'intérêt ne vient pas de  l'histoire elle-même mais  du pétillant tableau de mœurs qu'il dresse, fait de réalisme et de tolérance contre tous les excès de pouvoir. Ses personnages sont loin d'être des abstractions ou de simples pantins. Ils sont complexes et bien vivants et représentent toutes les classes de la société: paysans, artisans, commerçants, bourgeois et nobles plus ou moins désargentés. 
Ce que j'aime dans sa pièce, c'est le côté très italien  d'une scène de village où chacun adopte spontanément une attitude théâtrale, amplifiant les sentiments et cachant son cynisme sous une certaine forme de désinvolture et de bienveillance dans l'allégresse  tourbillonnante des scènes de rues où tout se déroule aux yeux de tous. Pour qui connaît bien ce pays, la moindre place de ville ou de village  est un plateau de théâtre en soi. C'est une pièce amusante à lire. J'aimerais bien la voir maintenant.  

L'éventail de Carlo Goldoni (Venise, 1707 - Paris, 1793) Entre Molière et Marivaux, il a écrit plus de 200 pièces dont les principales sont des comédies dont les plus célèbres sont : La Locandiera, La trilogie des Villégiatures,  Grabuge à Chioggia, (Le baruffe chiozotte),  La petite place (El Campiello), Les Rabat-joie, (I Rusteghi)...

Il Ventaglio.  Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois à Venise en 1765. Traduction de Michel Arnaud. (Collection Unesco d'œuvres représentatives; Introduction de Silvio d'Amico, Les Editions Nagel, 1956
Première participation au challenge de Nathalie: Il viaggio 

23 commentaires:

  1. j'espère que tu pourras la voir sur scène, en effet, car le theatre lu, c'est différent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai mais elle n'est pas jouée très souvent en France alors il ne reste que les livres encore une fois!

      Supprimer
  2. Le titre est assez explicite et implicite pour cette comédie légère: un "éventail" de personnages aux divers caractères,se passant un éventail!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est bien vu. Le double sens du mot est bien présent dans cette pièce assez peu connue de Goldoni. Elle mériterait de l'être davantage, je trouve!

      Supprimer
  3. Goldoni, à lire (en VO ou pas) et à voir... c'est toujours un grand moment !

    RépondreSupprimer
  4. Je dois avoir lu cette pièce il y a... extrêmement longtemps !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sûrement si tu aimes le théâtre italien. Goldoni y est encore joué assez souvent.

      Supprimer
  5. Mango, je suis trop impulsive, je ne peux même pas te prendre ce titre, un classique, or nous sommes dan la littérature contemporaine avec ce challenge !! J'espère que cela ne te choque pas ?!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Aïe,aïe, aïe, je suis aussi impulsive que toi car je n'avais pas fait attention! Le règlement est le règlement, ne t'inquiète pas!

      Supprimer
  6. Je ne suis vraiment pas théâtre et ce titre ne fera surement pas exception, ça ne me tente pas!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je te comprends mais si un jour tu veux t'amuser et que tu as l'occasion de voir une pièce de cet auteur, n'hésite pas une seconde!

      Supprimer
  7. Ah c'est vrai que Goldoni, c'est l'Italie par excellence, on ne voit pas vraiment de quel autre pays il pourrait s'agir. Merci pour ta participation.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je l'ai vu souvent dans des spectacles, en Italie, avec des troupes plus ou moins bonnes, dans de vrais théâtres ou sur des places publiques et j'en garde de très bons souvenirs. Bien ou mal joué, il m'a toujours amusée.

      Supprimer
  8. Je l'ai lu il y a une dizaine d'années. Je me procurerais bien ses comédies en LDP. Merci

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça se lit en plus comme il écrivait: très rapidement!

      Supprimer
  9. C'est bien agréable de nous présenter un auteur moins couru que certains ! je suis un peu réfractaire non au théâtre mais à la lecture de pièces de théâtre car j'ai du mal à ne pas entendre le texte et la lecture de dialogues m'agace un peu

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai longtemps la même réticence à lire du théâtre mais je me dis désormais que c'est ça ou rien. Pas facile de voir ce qu'on veut quand on le voudrait!

      Supprimer
  10. Longtemps que je n'ai pas lu de théâtre. Pourquoi pas m'y remettre avec Goldoni, un auteur que je ne connais pas du tout.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tu aimes Molière et Marivaux, il n'y a pas de raison que tu n'aimes pas Goldoni!

      Supprimer
  11. Bonjour Mango, je suis fan de cet écrivain depuis que j'ai vu au théâtre, la Trilogie de la villégiature (en 1978 mise en scène par Giorgio Strehler! cela ne me rajeunit pas) et je conseille aussi La Locandiera. Je ne connais pas L'éventail. Sinon, j'aime beaucoup lire les pièces de théâtre. Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quand on le connaît, on ne peut que l'aimer. La locandiera est une pièce délicieuse!

      Supprimer
  12. Bonjour, serait-il possible que vous donniez quatre aspects négatifs et quatre aspects positifs de cette comédie avec des exemples À l'appui, provenant du texte
    Merci d'avance

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.