lundi 20 mai 2013

Sagan ma mère, Denis Westhoff

J'ai aimé le précédent livre de Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan, sur sa mère (ICI.)  J'ai pris également beaucoup de plaisir à regarder le livre illustré qui l'a suivi.Le procédé choisi est intéressant: chaque fois que c'est possible, la photo est accompagnée d'un texte de Françoise Sagan  sur   le lieu, l'époque,  le moment particulier ou les personnages qui s'y trouvent. Ensuite Denis Westhoff intervient pour compléter avec ses souvenirs personnels . 

Voici ce qu'elle écrivait concernant ses rapports avec son fils, en 1974 
"Il faut qu'un enfant ait des points de repères solides: sa chambre, ses jouets, son école, les gens avec lesquels il vit, ses camarades avec qui il joue. Il faut qu'il ne soit pas témoin de la vie privée de ses parents, la mienne en l'occurrence. De temps en temps il faut lui taper un peu sur les doigts, lui tirer les oreilles s'il a de mauvaises notes. Mais plus que tout il faut l'aimer, qu'il soit au chaud. Au chaud et dans l'ordre.L'amour de mon enfant est ce que j'ai de plus précieux, mais enfin, il peut m'arriver des catastrophes,mon fils ne m'empêchera pas d'être malheureuse comme les pierres. Si j'aime quelqu'un qui ne m'aime pas, si une amie à moi meurt, la présence de mon fils ne suffira pas pour m'empêcher de pleurer. Il faut être un monstre pour se borner à l'amour maternel, ce que je ne suis pas. Il ne m'empêche pas d'être ouverte au reste de la terre. Mon accident de voiture m'a appris déjà qu'on est définitivement seul.Quand on a très mal, on est toujours seul. Les gens qui vous aiment le plus ne peuvent plus rien pour vous. [...] Denis ne peut pas m'empêcher d'être seule parfois et je ne peux pas l'empêcher  de l'être non plus. Mais nous ferons tout l'un pour l'autre, nous ferons attention." 
Les fidélités électives, gardes du cœur et admirations: 1974, 
"Cela va paraître un peu trop simple, mais j'aime les gens naturels qui ne cherchent pas à donner d'eux- mêmes une autre image que ce qu'ils sont réellement. Cela inclut intelligence, une certaine forme de bonheur intérieur et une certaine bonté"
 Idée reprise par son fils:
" Il y a aussi les familles de hasard. [...] Ce n'est pas ce qu'on appelle la famille de l'esprit ni celle des corps, c'est une parenté faite de silences, de regards, de gestes, de rires et de colères retenus, ceux qui se choquent ou s'amusent des mêmes choses que vous."

Mourir à Honfleur et retrouver Carjac. 
"Je suis morte cliniquement plusieurs fois et je peux vous dire qu'il n'y a rien! Et c'est bien rassurant! Ce qui m'inquiéterait, c'est l'idée d'une âme toute seule, tournoyant dans les airs, et qui hurlerait à la mort dans le noir absolu.  Je n'ai pas le m^me point de vue sur la mort que ceux qui ne l'ont jamais vue de près. Avoir entrevu la mort lui enlève beaucoup de prestige. Du coup, je suis peut-être une des personnes au monde qui a le moins peur de la mort."


Françoise Sagan, ma mère, Denis Westhoff
( Flammarion, novembre 2012, 224 p.)

6 commentaires:

  1. J'aimais beaucoup ses écrits, ça n'a jamais être dû très facile d'être son fils. J'essaierai de trouver ce livre à la bibliothèque.

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  2. J'aime bien entendre cet homme parler de sa mère.

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  3. J'aime énormément Sagan, je me fais régulièrement une cure avec ses romans. Les extraits que tu as mis sont extrêmement touchants, sa plume m'interpelle toujours, et celle de son fils risque de me plaire tout autant.

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  4. Une autre façon de voir l'écrivain, la voir en tant que femme et mère.

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  5. Je le note, j'aime beaucoup ce genre d'ouvrage ou les auteurs apparaissent plus humain... J'avais déjà beaucoup apprécié celui du fils d'Audrey Hepburn.

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  6. Ce que Sagan dit sur les rapports mère-enfant sont tellement vrais...

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