dimanche 22 juillet 2012

Espoir ou réalité?

L’Été

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.

Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.

Théodore de Banville (1823-1891), (Rondels, 1875)
Ami de Victor Hugo, de Charles Baudelaire et de Théophile Gautier, il est considéré dès son vivant comme l’un des plus éminents poètes de son époque. Il a notamment découvert le talent naissant d’Arthur Rimbaud. Banville unit dans son œuvre le romantisme et le parnasse, dont il fut l’un des précurseurs. (Wikipedia)

Lettre à Théodore de Banville du 24 mai 1870  
 Charleville (Ardennes), le 24 mai 187O.
A Monsieur Théodore de Banville.

Cher Maître,
       Nous sommes aux mois d'amour ; j'ai dix-sept ans. L'âge des espérances et des chimères, comme on dit, - et voici que je me suis mis, enfant touché par le doigt de la Muse, - pardon si c'est banal, - à dire mes bonnes croyances, mes espérances, mes sensations, toutes ces choses des poètes - moi j'appelle cela du printemps.
      Que si je vous envoie quelques-uns de ces vers, - et cela en passant par Alph. Lemerre, le bon éditeur, - c'est que j'aime tous les poètes, tous les bons Parnassiens, - puisque le poète est un Parnassien, - épris de la beauté idéale ; c'est que j'aime en vous, bien naïvement, un descendant de Ronsard, un frère de nos maîtres de 1830, un vrai romantique, un vrai poète. Voilà pourquoi, - c'est bête, n'est-ce pas, mais enfin ?...
      Dans deux ans, dans un an peut-être, n'est-ce pas, je serai à Paris. - Anch'io, messieurs du journal, je serai Parnassien ! - Je ne sais ce que j'ai là... qui veut monter... - Je jure, cher maître, d'adorer toujours les deux déesses, Muse et Liberté.
      Ne faites pas trop la moue en lisant ces vers :
      …Vous me rendriez fou de joie et d'espérance, si vous vouliez, cher Maître, faire faire à la pièce Credo in unam une petite place entre les Parnassiens
      ... Je viendrais à la dernière série du Parnasse : cela ferait le Credo des poètes !... - Ambition ! ô Folle !
                                                                            Arthur Rimbaud.

Credo in unam...
Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,
Verse l'amour brûlant à la terre ravie ;
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent 
Que la terre est nubile et déborde de sang ;
Que son immense sein, soulevé par une âme, 
Est d'amour comme dieu, de chair comme la femme. 
Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons,
Le grand fourmillement de tous les embryons !


Et tout vit, et tout monte !... - O Vénus, ô Déesse !
Je regrette les temps de l'antique jeunesse, 
(...)
Rimbaud

6 commentaires:

  1. Les deux sont superbes .. mais écrire "je regrette les temps de l'antique jeunesse" à 17 ans !!!

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    1. Le temps de l'amour païen, que veux-tu! Avoir 17 ans, à Charleville, en 1870, ne devait pas être très folichon! :)

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  2. Je viens te souhaiter un bon dimanche ! Et te dire que ta bannière donne vraiment envie de vacances ;-)
    Bises

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    1. Merci, Manu! Enfin un dimanche ensoleillé. Chez toi aussi j'espère!

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  3. Oui c'est l'été ! Ta bannière le démontre tout à fait !
    J'aime la poésie de Banville et celle de Rimbaud m'emporte...
    Belle semaine !

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  4. Une merveille, ce poème de Théodore de Banville, une splendeur d'apothéose !
    Bel été à toi !

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