samedi 21 septembre 2013

Comment voulez-vous que j'oublie ... Annie Butor - Madeleine et Léo Ferré, 1950-1973

J'aime beaucoup Léo Ferré. Je crois bien connaître bon nombre de ses chansons. L'étrangère reste peut-être ma préférée - mais non - c'est seulement celle qui me vient en premier. Impossible de choisir: je les aime toutes - ou presque. 
J'aime aussi beaucoup les biographies et celle-ci était sur la liste des lectures conseillées par l'Académie Goncourt pour l'été 2013. 
Voilà donc deux bonnes raisons de le choisir.
Sa lecture en a été facile. 
L'auteur est la fille de Madeleine Ferré , la seconde femme du chanteur qui a voulu restituer la réalité, la sienne tout au moins,  celle concernant cette longue partie de la vie de son beau père (23 ans) alors qu'à la suite de son divorce, cette relation a été mise à mal par Ferré lui-même et ce qu'elle appelle "La succession". Ferré a terminé  sa vie à Sienne, en Italie, avec sa troisième femme et ses  trois enfants (il n'en est rien dit dans le livre)
J'ai appris un tas de choses sur Ferré pendant cette période. En suis-je plus satisfaite pour autant? J'éprouve un étrange sentiment de malaise en le terminant. Je comprends très bien la souffrance d'Annie Butor quand elle a vu sombrer le mariage des deux êtres avec lesquels elle avait été si heureuse et elle a toutes les raisons pour en vouloir à Ferré et à sa lâcheté  de ce gâchis total. Elle rend sa mère en partie responsable aussi dès le moment où elle a voulu à tout prix vivre avec Pépée, leur singe adoré, considéré comme une sœur pour leur fille, ce que celle-ci n'a jamais pu accepter.
Avais-je vraiment  besoin de savoir tout ça sur la vie intime de ce couple?  Un artiste et son œuvre, on le sait, rien de moins simple! Juger l'homme  à travers son art ou le contraire? Les différencier,  toujours? Le cas de Céline et de bien d'autres... Bref!
Je reste très partagée. et pas vraiment satisfaite de ma lecture. J'en sors en ayant l'impression que l'homme ferré n'était pas totalement à la hauteur de son art et ça,  je n'aime pas! 
Il pouvait être fastueux ou sordide, sa bonté était intermittente, son cœur sélectif, sa mauvaise foi colossale. Il a voulu mettre à la poubelle son passé. Il a soigné sa légende de poète maudit, crié d'autant plus fort qu'il a cherché à cacher la vérité. Il a fait de sa haine son fonds de commerce.J'ai vécu dans une démesure affective qui a failli me détruire. Maintenant me poursuit une immense nostalgie. "Rompre avec les choses réelles, ce n'est pas rien; mais avec les souvenirs!"  écrivit Chateaubriand. Je m'y refuse, j'en ai de trop beaux. Avec le temps j'aime encore Léo malgré tout, sentiment paradoxal fait de tendresse et de rancune ... Alors ce temps  remettra tout  en place, c'est mon espérance.. Il me fallait la distance nécessaire pour écrire ces confidences.J'essaie de m'arranger avec mes fantômes, et enfin de laisser un peu passer mon passé. 
Comment voulez-vous que j'oublie ...  Annie Butor
Madeleine et Léo Ferré 1950-1973
Préface de Benoîte Groult
(Phébus, 2013, 204 p.)

14 commentaires:

  1. C'est souvent le cas .. l'homme n'est pas à la hauteur de son talent. Il vaut mieux s'en tenir à l'œuvre.

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  2. Ah j'avais noté ce titre il y a quelques mois, mais je ne l'ai toujours pas lu...

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    1. Il est bien écrit, plaisant à lire mais ce n'est pas non plus un indispensable et parce que j'aime énormément ce qu'a pu écrire Ferré, j'ai ressenti comme une blessure en apprenant certains détails de sa vie.

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  3. ce livre avait eu des critiques assez mitigées justement parce qu'il écorche vraiment l'homme. Comme dit Aifelle, je crois qu'il faut s'en tenir à l'artiste...c'est le cas pour la plupart d'entre eux. De toute manière les artistes sont les hommes en mieux, donc on est forcément déçu

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    1. J'avais surtout été impressionnée par les bonnes critiques lues à son sujet. Depuis le temps je devrais pourtant avoir appris à me méfier de certaine presse toujours trop vite publicitaire sous couvert de critique normale.

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  4. Je n'aime pas ce genre de livres,forcément subjectif et qui règle des comptes.

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    1. J'avais eu l'impression que celui-ci était plus distancié mais non.

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  5. Voilà, c'est exactement pour les raisons que tu cites que je n'ai aucune envie de lire ce livre... J'aime Léo Ferré d'un amour absolu... J'aime ses mots, j'aime ses mélodies et je n'ai aucune envie de savoir quel homme dans la vraie vie il était... C'est pourtant, alors que c'est mon poète préféré, je n'ai jamais eu l'envie de lire une biographie sur lui !! Je préfère continuer à écouter ses magnifiques textes (et mélodies) Bonne soirée Mango, bises

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  6. "il était dans la vraie vie"... et "c'est pourquoi" c'est mieux ;0)

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  7. "il était dans la vraie vie"... et "c'est pourquoi" c'est mieux ;0)

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  8. Oui, tu as raison: parfois il vaut mieux ne pas savoir! Pour les artistes, c'est souvent le cas, comme pour ceux qu'on aime tendrement!

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  9. C'est pour ces mêmes raisons que je n'ai pas envie de le lire !
    L'homme et l'artiste et que dire des femmes de ces mêmes hommes...

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    1. En effet! L'homme et l'artiste plus la femme de l'artiste,, quel trio, souvent infernal. ou douloureux!

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