lundi 31 mars 2014

Plonger, Christophe Ono-Dit-Biot


"Ils l’ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d’un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau. Une provocation. Une invocation. À écrire ce livre, pour toi, mon fils. » (1ères phrases)
Un homme enquête sur la femme qu’il a passionnément aimée. Elle est partie il y a plusieurs mois, pour une destination inconnue, le laissant seul avec leur petit garçon. Quand le roman s’ouvre, on l’appelle pour lui dire qu’on l’a retrouvée morte, sur une plage, près des vagues, vraisemblablement noyée, dans un pays lointain au paysage minéral qui pourrait être l’Arabie. Elle était artiste, elle s’appelait Paz. Elle était solaire, inquiète, incroyablement douée. Elle étouffait en Europe. Pour son fils, à qui il doit la vérité sur sa mère, il remonte le fil de leur amour - leur rencontre, les débuts puis l’ascension de Paz dans le monde de l’art, la naissance de l’enfant – et essaie d’élucider les raisons qui ont précipité sa fin.

Mon avis :
 Je viens de refermer ce  roman et je suis encore dans son monde. Lentement je reprends ma place  dans mon quotidien mais mon esprit est  ailleurs, avec César et Paz, leur fils Hugo et  l’autre fils adoptif, Nour, le requin, avec le mystérieux Marin qu’on finit enfin par connaître et Kim, la belle rousse, la dernière amie, là-bas,  au bout du monde,  entre ces murailles sous-marines où tout se dénoue.
J’en suis encore toute remuée, subjuguée, infiniment admirative. C’est un de ces grands romans dont je me souviendrai longtemps. Dès le début je l’ai aimé mais comme ça, surtout à cause du style qui m’a immédiatement accrochée. Quelle qu’elle soit, même immense, une histoire d’amour, finit toujours par se banaliser sauf que cette fois, ça va au-delà,  il s’agit d’autre chose qui m’a semblé nouveau, merveilleux et plein d’espoir. Ce n’est ni de  la science fiction, ni de la sorcellerie, c’est pourtant le sort de l’humanité qui est en question avec un peu plus de sagesse, d’humilité et de connaissances, de respect pour la nature et ses survivants.  Il y est question d’amour des animaux, de connaissances scientifiques, de respect pour les enseignements des anciennes croyances, d’art surtout, la photographie, la peinture, la poésie. Le roman se termine par l’évocation d’un poème de Philippe Larkin, «Water» qui n’est d’ailleurs pas cité. Tout est incitation à aller voir ailleurs, à se documenter. Rien n’est pesant. Pourtant j’ai eu constamment envie de noter un tas de passages mais prise par le feu de la narration, je me suis abstenue. Tant pis. Il faudra le relire! Un grand, grand bonheur de lecture. Je le mets dans mon panthéon, ce roman d’amour fou, cette initiation à une autre vie, cet apaisement possible après la tristesse et la perte, cette volonté  de continuer à vivre ou à  survivre.

Je prends une grande inspiration.
Je bascule.
Je plonge. (dernières phrases)
                                                                                           ***
Dernière nouvelles: l'actrice Mélanie Laurent (film : Respire) écrirait en ce moment l'adaptation cinématographique du roman d'Ono-dit-Biot, avec Julien Lambroschini.
                                                                     ***
Autres avis:
LeiloonaUn roman intelligemment construit où l’amour et l’art s’entremêlent, une histoire terriblement touchante qui ferre son lecteur dès les premiers chapitres. Un récit qui donne aussi terriblement envie de voyager encore et encore avec son ou sa Paz …
Noukette: " Plonger" est un roman étonnant qui fascine autant qu’il déstabilise.
Valérie: De la quinzaine de romans lus pour cette rentrée littéraire, celui-ci est mon préféré.
L'Irrégulière: Coup de cœur!  Dans une langue très belle, où affleure parfois la poésie mais émaillée aussi de traits d’humour parfois désabusés, l’auteur nous invite à plonger avec lui.

                                                                       ***
                                                             
Plonger, Christophe Ono-Dit-Biot, 

(Collection Blanche, Gallimard, Rentrée  2013, 444 p.)

Grand prix du roman de l'Académie française 2013,
Prix Renaudot des Lycéens

vendredi 28 mars 2014

Culturel toujours, mon week end ... mais livres, festival ou exposition? Choix difficile!

Avec le printemps, la vie culturelle semble tout de suite plus animée et moi avec. Je n'ai que l'embarras du choix
Après le Salon du livre de  Paris, suivi sur les blogs amis,  voici le Festival du livre de la mer et de l'aventure à Binic, (Bretagne Nord) où j'irai peut-être faire un tour si j'arrive à me libérer de mes obligations familiales.  (351 Km quand même, en ligne droite, 437 à parcourir m'est-il précisé  et  en voiture,  quand on agit à l'instinct, sans horaire précis, c'est faisable en deux jours  mais fatigant)  Malgré tout, c'est là, à Binic, dans les Côtes d'Armor, un petit coin de paradis! C'est Véronique Ovaldé qui le préside.  Y seront présents les auteurs suivants:  Hervé Hamon, Fabienne Juhel Marie Diaz, Björn Larsson, Jean-Claude Fournier.


Sinon, ce sera, du côté des artistes, au Grand Palais, une exposition:  Art Paris Art Fair 2014,  l'art d'aujourd'hui, insolite, avec la présence de deux  jeunes créateurs célèbres.

 Li Wei:  Il cherche à s'élever? Il s'élève!  Nouvel Icare?


Liu Bolin: Il veut se cacher? Il se dissimule dans le décor! Gygès,  nouvelle version?


Ou alors plus simplement des livres que j'irai acheter ou choisir si je les trouve à la bibliothèque (Vus hier dans Les carnets de Route de Busnel sur l'Irlande) et qui me font très envie:


Alors où irai-je finalement? 
Bretagne, Irlande, Paris?
Quel luxe de n'avoir que l'embarras du choix! 
Carpe diem!







Quoi qu'il en soit, je termine dans l'enthousiasme un roman que j'aime,  auquel l'Académie a eu raison de décerner son grand prix en 2013!

mercredi 26 mars 2014

Love fragments Shanghai, par Chaiko, ma BD du mercredi

 Le titre de ce manhua l’indique clairement:  il s’agit essentiellement  ici  de fragments de  la vie amoureuse  de  jeunes  habitants de Shanghai, deux jeunes femmes,  une femme d’affaire et un mannequin, Lily et Wen,  belles, raffinées et dynamiques mais toutes deux  malheureuses en amour  et  Jian, un jeune photographe de mode qui retrouve Wen, son amour perdu au moment où celle-ci se lie à un autre homme, qui ne peut l’épouser  puisque, pour ne pas décevoir son père, il doit se marier avec  une autre. De son côté, Lily pleure  son fiancé mort accidentellement. Solitaire, elle ne pense qu’à son travail.  Les destins de ces trois jeunes personnes vont cependant se croiser et ce sont des instantanés de leurs rencontres et de leurs déceptions qui nous sont présentés dans cet album à l’atmosphère douce-amère, nostalgique, voire romantique par moments.
De Shanghai, il n’en est pas beaucoup question. Ce pourrait être n’importe quelle ville moderne d’aujourd’hui. Ne sont évoqués que les problèmes de solitude et les difficultés à rencontrer l’âme sœur, ce qui m’a rappelé les romans photos d’autrefois, ces histoires à l’eau de rose, pleine de clichés et de  héros très photogéniques mais sans réelle consistance. 
 Rien de bien nouveau donc si ce n’est le dessin lui-même. J’ai  aimé ces pages glacées très colorées.  Trois larges bandes par planche avec de nombreux gros plans et quelques doubles pages pour montrer un centre ville toujours très moderne. J’ai d’ailleurs parcouru  deux fois cet album rien que pour  revoir plus minutieusement chaque dessin, délaissant l’histoire qui, elle,  au fond, m’a laissée indifférente. 





Love fragments Shanghai, par Chaiko,
Traduction: Cécile Reverdy
(éditeur: Xiao Pan, 2008)
 92 planches + 20 p d'illustrations.

Top BD des blogueurs  2014 de Yaneck :14

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 Très intéressante interview de Zidrou par Yaneck  et celle de  Guillaume Sorel pour le Horla, par JViel
 "Un amour de BD"

Participent peut-être ce mercredi 26/03/14:


Anne ,   Acro,  Alex,  Angéla Morelli,  Asphodèle,

 Blogaelle, Brize ,   

Carolinedécouvrelemonde,

Choco, littéraires Chroniques, Cléanthe,    

 
Cristie ,   Crokbulle,  Cuné,    Cynthia,  

 Delphine,   Didi, 


Elodie ,    Estellecalim, Evalire, Hilde   Hélène ,     Hervé,  

  Iluze,   Irrégulière,    Itzamma , 


 JViel,  Jérôme,  Julie,   

Khadielit,  Kikine,   La-ronde-des-post-it, Laurie,

Lirepourleplaisir, 

Lorouge, Loo, Lou, Lounima, Lystig,   

Manu,  Margotte,  Marguerite,    Marie,  Mariejuliet, 

Marjorie,  Marion,  MarionPluss, Marilyne,
  
Mathilde, Mélo,  Mlle Alfie,

Mlle Bouquinaix,  Moka,    Mo,   ​​M. Zombi,    Natiora ,   Neph,  

Noukette ,    Oliv ', Pascale,  Paulinelit,

 Sandrine,  Sandrine (Mes Promenades),   Sandrounette,   Sara ,

Sophie (des Bavardages) ,    Sophie Hérisson,  Soukee,  Stephie,   Syl, 
 Theoma,


Un amour de BD,


Vero,  Yaneck,  Yoshi73,  Yvan, 

BD du mercredi 26/03/14

Perico, Berthet, Hautière,, par Noukette
Clair-obscur dans la vallée de la lune, Mongermont, Alcante, par Jérôme
Quatre sœurs, Cati Baur (1,2), par Stephie
La malédiction du parapluie, (Les petits riens, 1), Lewis Trondheim, par Cuné
Boule à zéro, T3, Docteur Zita, Ernst, Zidrou, par Yaneck
Le Horla, Guillaume Sorel, par Yvan
Chemin perdu, Amélie Fléchais, par Sandrine (Mes promenades)
Gauguin, Loin de la route, Leroy, Gaultier, Galopin, par Natiora
Le train des orphelins, 1,2,3, Charlot, Fourquemin par Maël
Le dernier voyage d'Alexandre Humbolt,  Froissard , Le Roux, par Cristie
Les Échos invisibles, Sandoval, La Padula, 1, 2, par Moka
Punk rock Jesus, Sean Murphy, par Theoma
Clandestino, T1, Un reportage d'Hubert Paris, envoyé spécial, Aurel, par Un amour de BD
Come prima, Alfred, par Anne
Star Wars,Clone wars,1, La défense de Kamino et autres récits, Ostrander, Duursenna, par Hilde

dimanche 23 mars 2014

Les évaporés, un roman japonais, Thomas B. Reverdy

J'ai beaucoup aimé ce roman qui évoque le Japon de toujours avec ses qualités et ses défauts:  la douceur de vivre mais aussi l'omniprésence des Yakuzas, cette mafia qui gangrène et contrôle la société industrielle. 
Cependant l'histoire se déroule dans le Japon d'aujourd'hui, celui d'après la grande tragédie: celle de Fukushima. Il y est question de fuite en avant, de disparition mystérieuse, d'enquête et de course poursuite d'une fille  pour retrouver son père "évaporé" un soir sans plus donner aucun signe de vie. 
Kaze était un père affectueux, un mari aimant et un cadre de banque très  estimé  mais qui venait d'être congédié par ses supérieurs pour avoir eu connaissance des agissements des Yakuzas au sein de son entreprise. Selon la loi japonaise, un adulte qui décide de disparaître ainsi brusquement n'est jamais recherché. On considère que c'est sa liberté. 
Appelée par sa mère désespérée, Yukiko revient de Californie où elle travaille avec Richard, son détective amoureux. 
Les recherches seront longues et vaines très longtemps et on ne peut que craindre le pire jusqu'au moment où le récit prend un ton nouveau avec un genre d'espoir  tout à fait inattendu grâce à  la rencontre d'un très jeune survivant du  tsunami et des jours catastrophiques qui l'ont suivi. On est alors comme dans un autre monde avec les réfugiés du camp de Sendaï. On espère on tremble, on cherche, on s'attriste avec les personnages. On réalise que tous sont en fuite à leur manière et nous peut-être  aussi, comme eux et avec eux. C'est un livre très riche, qui m'a emportée très loin dans cette aventure et ce pays si proche et pourtant si différent! Un très joli moment!  
Les évaporés, Un roman japonais, Thomas B. Reverdy
Flammarion, 2013, 302 pages

samedi 22 mars 2014

Salon du livre 2014: y aller ou pas?


                               Si je devais me rendre au Salon du livre, ce  serait surtout pour le stand de Shanghai et celui des BD chinoises. Pourquoi?  Parce que c'est la vraie  nouveauté du salon, cette année, selon moi. En effet, je connais mal cette littérature pour la bonne raison qu'il y a très peu de traducteurs du chinois en français. C'est ainsi que sur les 17 auteurs annoncés, seuls  six ont été traduits. Quant aux dessinateurs, j'ai eu beau chercher sur le site du salon et ailleurs, je n'ai rien trouvé les concernant. Qui et combien  seront-ils? Avec quels titres?  Voilà une bonne raison pour me déplacer et aller les découvrir mais si j'ai beaucoup fréquenté les salons avant d'ouvrir mon blog, (Je regrette encore quand il avait lieu au Grand Palais! ) je fuis désormais la foule et la fatigue qu'une telle visite entraîne. J'ai perdu mon bel enthousiasme et  me protège davantage des bousculades, me privant aussi de quelques belles rencontres.  Je vais me tenir au courant cependant tout ce week end pour glaner des informations ici et là sur la présence de tel et tel romancier ou  auteur de BD venant de Chine qui, je viens de l'apprendre, est actuellement le premier pays pour l'importance des traductions de livres français.








Si je dois faire la liste des auteurs chinois  que j'ai lus, ce sera très rapide. La voici:
D'abord et avant tout deux grands que j'ai adorés

Yu Hua avec Brothers : Un livre extraordinaire,  truculent à souhait, triste, drôle, plein de vie!



Mo Yan, le prix Nobel de littérature



Weihui : Shanghai Baby




Pour la BD
Maruta 454 de Laquerre et Song Yang



C'est tellement  peu pour un aussi grand pays. Il est temps d'y remédier et à défaut de me rendre au Salon lui-même, je vais aller faire un tour en librairie pour trouver les derniers sortis:



 Respirer de SUN Ganlu

mercredi 19 mars 2014

Millenium, T2, Rumbero & Homs d'après la trilogie de Stieg Larsson, ma BD du mercredi

Les trois livres de Stieg Larsson, c'est à leur sortie que je les ai lus . Le film, lui, je ne  l'ai vu pour la première fois que  dimanche dernier, le 16 mars, sur TCM. Roman et film m'ont subjuguée. Il me manquait la BD. C'est fait avec le tome 2, le seul qui était encore libre. J' ai aimé aussi, bluffée par les dessins et le découpage , un peu moins par les couleurs  trop souvent sombres dans les bruns alors que mes souvenirs de lecture et l'ambiance du film m'ont au contraire séduite par l'atmosphère glacée, dans les bleus froids et coupants,  les gris clairs gelés ainsi que le blanc cassé, couleurs dans lesquelles baignaient le récit tout entier avec  les crimes en rouge sang sur fonds noirs des uniformes nazis. des tatouages et des vêtements en cuir de Lisbeth, la géniale rebelle.

C'est une belle BD,  de bonne qualité et surtout fidèle à l'esprit de l'œuvre romanesque mais  coincée cependant entre le roman inoubliable et le film tout à fait remarquable, elle ne vient en somme pour moi qu'en troisième position.   

Millenium, Rumbero & Homs d'après la trilogie de Stieg Larsson

1 Les hommes qui n'aimaient pas les femmes,  Seconde partie
(Dupuis, novembre 2013, 64 planches)



topbd_2013 chez Yaneck

Logo BD noirLogo BD rouge

Participent peut-être ce mercredi 19/03/14:

Mon analyse de cet album est trop brève, j'en ai conscience mais c'est que j'ai été interrompue hier soir par l'émission de la 2, Apocalypse, sur la guerre de 14 que j'ai écoutée sans la regarder au début  tout en tapant mon billet mais que j'ai soudain suivie avec une grande attention et beaucoup d'émotion. Alors tant pis pour mon billet. Celui de la semaine prochaine sera plus complet sans doute... 

LC de Noukette et Stephie: Paco les mains rouges, Vehlmann et Sagot


Anne ,   Acro,  Alex,  Angéla Morelli,  Asphodèle,

 Blogaelle, Brize ,   

Carolinedécouvrelemonde,

Choco, littéraires Chroniques, Cléanthe,    

 Delphine,   Didi, 


Elodie ,    Estellecalim, Evalire, Hilde    Hélène ,     Hervé,  

  Iluze,   Irrégulière,    Itzamma , 


 JViel,  Jérôme ,  Julie,   

Khadielit,  Kikine,   La-ronde-des-post-it , Laurie,


Lorouge, Loo, Lou, Lounima, Lystig,   

Manu,  Margotte,  Marguerite,    Marie,  Mariejuliet, 

Marjorie,  Marion,  MarionPluss, Marilyne,
  
Mathilde, Mélo,  Mlle Alfie,

Mlle Bouquinaix, Moka,    Mo,   ​​M. Zombi,    Natiora ,   Neph,  

Noukette ,    Oliv ', Pascale,  Paulinelit,

 Sandrine,  Sandrine (Mes Promenades) ,   Sandrounette,   Sara ,

Sophie (des Bavardages) ,    Sophie Hérisson,  Soukee,  Stephie,   Syl, 
 Theoma,

Un amour de BD,

Vero,  Yaneck,  Yoshi73,  Yvan, 

BD du mercredi 19/03/14

Paco, les mains rouges, Vehlmann, Sagot, par Stephie
Idem par Noukette
idem par Maël 
Mamette, T6, Les papillons, Nob,par Jérôme
Venin de femmes, Prado, par Cristie
Alice au pays des Merveilles, Chauvel, Collette, par Sandrine (Mes promenades)
Oracle (T1), Péru et Martino, par Yaneck
L'Étranger, (Camus), Jacques Ferrandez,par Natiora
Ainsi soit Benoîte Groult, Catel, par Theoma
Une petite tentation, Jim et Grelin, par Yvan
Celui qui n'existait plus, Rodolphe, Georges Van Linthout, par Un amour de BD
Couleur de peau, Miel, T3, Jung, par Sophie desBavardages
Yakari, l'ami des Castors, Derib & Job, par Lire pour le plaisir
Cesare, Fuyumi Soryo, par Élodie
Lou,, Miss Endicott, T2, Fourquemin, Derrien, par Lou 
Un petit goût de noisette,Vanyda par Marion Pluss
London, T 1et 2, Rodolphe et Isaac Wens, par Syl
Ida, T1, Chloé Cruchaudet, par Cynthia

lundi 17 mars 2014

Du côté de chez Drouant, Cent ans de vie littéraire chez les Goncourt, Pierre Assouline,

J’adorerais assister à une délibération du jury Goncourt. C’est un rêve impossible mais pas tout à fait désormais puisque  j’ai l’impression d’y être entrée  grâce à la petite porte entrouverte par l’un des jurés, le plus  généreux en la circonstance,  Pierre Assouline.
J’ai trouvé son livre  très intéressant. Il raconte année par année les coulisses de chaque élection,  de  la première en 1903, ( prix à John-Antoine Nau) à celle de 2012  (prix à Jérôme Ferrari). L’auteur est lui même juré à présent, au  dixième couvert.
S’ alimentant dans la presse de chaque époque, ainsi que  dans les journaux  des auteurs et les archives de l’Académie, il m’a donné envie de lire tous  ces anciens livres dont je n’ai fait qu’entendre parler,  jamais lus encore, même si j’en ai quelques-uns dans ma Pal. Je retiendrai bien des  anecdotes qui m’ont fait sourire.

           1919   La rivalité entre Roland Dorgelès, 34 ans, engagé volontaire, cinquante mois de campagne : un curriculum idéal. Son livre «Les croix de bois»  a connu un succès immédiat et Marcel Proust pour A l’ombre des jeunes filles en fleurs qui déclenche les sarcasmes de la presse de gauche contre un auteur mondain et ennuyeux.  (…) La postérité aurait encore moins absous les autres goncourables de 1919, t’Serstevens, Èdouard Schneider, Alexandre Arnoux, Francis Carco,Caument et Cé, Asès, et Josipovici, Tisserand, Pierre Grasset, Grandvilliers, Léon Werth, Jean Giraudoux d’avoir volé son Goncourt à Marcel proust qui n’avait plus que trois ans à vivre.

1924    On parle de Maurice Genevoix, d’Henry de Montherlant,de Philippe Soupault, d’Emmanuel Bove, de Joseph Delteil, mais c’est Thierry Sandre qui l’emporte avec «Le chèvrefeuille». Oh misère, quand on songe et quand on sait, avec le lâche privilège du recul, bien sûr,  que c’est le seul du lot dont il ne restera rien.

1944     On parle beaucoup des Amitiés particulières dRoger Peyrefitte. Mais le Goncourt de la Libération ne peut décemment échapper à l’air du temps. Elsa Triolet est la première femme à le remporter. Le premier accroc coûte deux cents francs n’est pas un roman mais un recueil de nouvelles (…) «Les Goncourt ont fait coup triple : la dame Triolet est russe, juive et communiste. C’est un prix cousu de fil rouge.» écrit alors  Pierre Léautaud

1945  Le Monde annonce l’élection de Colette et la mort d’Hitler mais c’est Jean_Louis Bory, 26 ans, jeune professeur du lycée Henri IV qui l’emporte pour «Mon village à l’heure allemande»

Un livre très plaisant.

Pierre Assouline-  Du côté de chez Drouant - Cent dix ans de vie littéraire chez les Goncourt

dimanche 16 mars 2014

N'aie pas peur si je t'enlace, Fulvio Ervas

"Ce roman retrace l'histoire vraie du long voyage aux Etats-Unis et en Amérique latine de Franco Antonello et de son fils Andrea durant l'été 2010.
Andrea vient d'avoir dix-huit ans, son autisme a été diagnostiqué quand il en avait trois.
Franco Antonello a raconté son aventure à Fulvio Ervas au cours d'un dialogue qui a duré plus d'un an."(p.7) 

Jusqu'à l'âge de deux ans et demi, tout allait bien et puis l'enfant rieur qui commençait à parler est devenu sombre, introverti. 
"Il jetait tout par les fenêtres, sacs, vêtements, chaussures, portefeuilles, photographies.  Il avait des gestes compulsifs, sans raison, il ne nous regardait plus dans les yeux. Une autre histoire." L'enfant est diagnostiqué autiste. 
Les parents ont alors tout essayé pour améliorer son état mais pour sa majorité, le père  fait le constat des défauts et des qualités de son fils: Malgré son mètre quatre-vingt-deux, c'est encore un enfant, "un ouragan imprévisible".  Il marche sur la pointe des pieds, range les objets dans un ordre méticuleux, et surtout aime enlacer les gens et leur toucher le ventre, dès leur première rencontre.  De là le titre du livre.. C'était aussi la devise imprimée sur tous les tee-shirts d'Andrea quand il allait à l'école. 
 Dès ses dix-huit ans, le père s'embarque avec lui pour 38000 kilomètres en Harley, en avion, en voiture à travers le continent américain, du nord au sud  et de l'est à l'ouest, à l'aventure. Le père crève de peur de perdre son fils en route mais il espère aussi que ce voyage lui fera du bien malgré l'avis des médecins. 
J'ai beaucoup aimé ce récit, si  plein d'amour paternel et filial aussi, sans oublier l'humour  qui rend la lecture plus légère. Père et fils sont très attachants et leur aventure, périlleuse et risquée,  sera très riche en  beaux souvenirs. 
Mais demain? Le constat reste amer.
Je comprends les terribles pensées qui submergent certains pères et les entraînent dans un tourbillon destructeur quand ils voient leur enfant osciller au bord de l'abîme. En ce qui me concerne je pourrais mourir aujourd'hui, ma vie est déjà bien remplie: travail, voyages, amour, amis, satisfactions,aventures et mésaventures. Je suis prêt mais je pense à lui: est-ce vivre que d'être enfermé dans l'autisme et entre les murs d'une institution, dans un désert affectif, pendant des dizaines d'années? D'instinct me vient l'idée terrible et peut-être égoïste de l'emmener avec moi quand ce sera le moment. Nous ferons une grande fête, un témoignage de regrets éternels. Au revoir tout le monde. 
N'aie pas peur si je t'enlace, Fulvio Ervas.  Traduit de l'italien par Marianne Faurobert (Liana Levi, 2013, 268 p.)
Billets de Clara et de Kathel  ainsi que celui de Fleur qui en a fait un coup de cœur


vendredi 14 mars 2014

La double vie de Cassiel Roadnight, Jenny Valentine

Chap n'a pas cherché à se faire paser pour un autre. Il a simplement laissé faire. Dans ce foyer d'urgence pour jeunes paumés où il refusait obstinément de donner son nom, les gens du centre sont venus le voir avec une photo, celle d'un ado porté disparu qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. 

Chap a fini par dire ce que les autres attendaient, que c’était bien lui Cassiel Roadnight! Et puis tout s’est enchaîné, la soeur de Cassiel est venue le chercher pour le ramener chez lui, dans sa maison, où l’attendaient sa mère et son grand frère.
Chap n’a pas pensé qu’il allait vivre sous leur regard, chaque jour, chaque heure, chaque seconde et qu’il ne pourrait jamais se détendre ni se laisser aller. Un geste déplacé, un mot de travers, une mauvaise réaction risqueraient de donner l’alarme et de tout faire basculer! Il n’a pas imaginé non plus que Cassiel pouvait cacher un secret monstrueux, et que c’est lui, Chap, qui allait en hériter
(Quatrième de couverture)

Ce roman passe pour une pépite du roman adolescent européen 2013. C’est pour cela que je l’ai choisi, avec méfiance malgré tout, ayant été trop souvent déçue par le cumul de clichés que l’on trouve parfois dans cette catégorie. Cette fois cependant j’ai été conquise et ma lecture a été très rapide tellement je voulais savoir la suite de l’histoire.
Le récit commence par un changement d’identité plus ou moins consenti par un jeune orphelin de quatorze ans,  élevé par un grand-père apparemment sans histoire mais qui finit par l’abandonner à son tour, on ne sait pas tout de suite pourquoi.
Il accepte alors d’entrer chez les Roadnight, une famille classique et honorable dont le fils cadet, Cassiel,  a disparu  depuis deux ans.  La ressemblance étant  parfaite, l’accueil est très émouvant et chaleureux  mais si  les premiers jours sont idylliques, l’atmosphère devient peu à peu insupportable et c’est un climat de méfiance, de soupçon , de  peur aussi qui s’installe ensuite. Un mystère rôde au sujet de la personnalité  du fils disparu. Quant au fils aîné, lui,  si accueillant, à la vie si réussie, il devient vite un insupportable  danger tandis que la mère et la sœur, pourtant insoupçonnables,  semblent à leur tour  se méfier de l’identité réelle du nouveau Cassiel.  Le jeune homme se lance alors dans sa propre enquête et de surprise en surprise, le lecteur ne peut plus lâcher le récit devenu haletant.
J’ai même réussi à oublier le manque de densité des personnages. Tout va trop vite. La fin est un peu facile mais  tant pis pour la crédibilité d’une telle histoire: j’ai marché et c’est tout ce que je demandais. 
Clara l’a aimé également
La double vie de Cassiel Roadnight, Jenny Valentine (L'école des loisirs, collection Médium, décembre 2013, 278 p.)Traduit de l'anglais par Diane Ménard