lundi 22 avril 2013

Existence marginale mais ne trouble pas l'ordre public, Yvon Le Men

Faut-il qu’un recueil de nouvelles soit écrit par un poète, un vrai, de ceux qui se présentent comme tels et ne vivent que de leur plume,  pour qu’enfin je puisse apprécier sans effort un livre de ce genre ?
C’est ce qui vient de m’arriver avec ces histoires courtes racontées par ce fou de littérature qu’est Yvon le Men dont je ne connaissais jusqu’ici que les poèmes.
De poèmes justement, il en est beaucoup question ici aussi, dans les premières pages du moins. Il suffit d’énumérer quelques  titres de  récits: Le chasseur de poèmes, J’ai pleuré page 49,  Le tour du monde en 80 poèmes, Un dernier vers pour la route etc. et de poèmes très courts,  les histoires en sont émaillés:  c’est beau.
C’est là d’ailleurs l’objet de la recherche du poète romancier  ainsi qu’il le raconte dans le prélude:
Tout est question d’énergie. Dans le travail de l’écriture, il y a ce moment fantastique, après la première ligne et avant la dernière, où l’on se sent vivant, porté par les vers, les phrases que l’on jette sur la page, à la truelle parfois.  Si les lignes sont des phrase et si les phrases viennent de l’horizon, alors peut-être sommes-nous  en train d’écrire une histoire, même brève. Mais, qu’il s’agisse de poèmes ou d’histoires, il est important d’explorer tous les champs possibles, y compris ceux de l’imaginaire, quitte à n’en choisir qu’un seul. Entre le poème et le récit, le sprint et le marathon, il y a de la marge, des marges à remplir à ras bord de paroles. 
Quand on dit qu’un roman est poétique, que veut-on dire ? Est-ce une décoration, un grade plus élevé que l’on donnerait à l’ouvrage ? Et pourquoi relit-on un livre quand on  en connaît l’histoire ? Sûrement à cause de sa musique, de son parfum, de son charme et, bien sûr, du mystère des vies qui ne se révèle pas à la première lecture. C’est en cela que Madame Bovary, L’Île au trésor, Le Rouge et le Noir sont des poèmes et que certains poèmes ne le sont pas. 
Ce sont des histoires qui auraient pu lui arriver ou qui lui sont vraiment arrivées, je ne sais pas au juste, mais elles semblent toutes vraies et parfois même je m’y suis reconnue. 
J’ai souvent souri parce que l’humour ne manque pas. Je me suis attendrie parce que les souvenirs d’enfance, proches des miens, me font toujours cet effet et, ce qui me plaît encore davantage,  plusieurs de ces récits m’ont fait rêver, transportée comme je me suis sentie à plusieurs reprises  dans un monde de nuit mais ponctué de jour. Un monde qui a touché, à travers les regards, les abymes des cœurs.
Un livre que j'ai beaucoup aimé.
Existence marginale mais ne trouble pas l'ordre public, Yvon Le Men, Flammarion, octobre 2012, (204 p.)

Yvon Le Men, né en 1953 à Tréguier, est un poète et un écrivain breton. Il vit actuellement à Lannion. Son œuvre poétique comporte plus d'une trentaine d'ouvrages.(Wikipedia)
Curieusement il  a prêté ses poèmes au héros du dernier livre de Björn Larsson, Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers (Grasset, 2012).
Auteur déjà présenté ICI, avec le poème: Paysage
Challenge de Lystig.  Bretagne. 

12 commentaires:

  1. Yvon Le Men, l'un de nos meilleurs poètes bretons contemporains, selon moi. je ne connais pas ce dernier livre ...
    Bonne semaine, Mango !

    Y.

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    1. Je découvre ce qu'il a écrit en ce moment, d'abord les poèmes, maintenant les nouvelles et je suis séduite. Si tu le lis à ton tour, dis-moi ce que tu en penses!

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  2. Un recueil de nouvelles que tu as tant apprécié, je ne peux que le noter.

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  3. Et hop, une découverte pour bien commencer la semaine, que je te souhaite riche... et belle

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  4. Moi aussi, je le note, tu réussis à donner très envie en n'en dévoilant pas trop !

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    1. Difficile , voire impossible pour moi de résumer l'ensemble mais mon impression est très nette: excellent!

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  5. Merci pour la découverte ; je ne connais pas du tout cet auteur !

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  6. J'ai acheté son avant dernier livre à Etonnants voyageurs l'an dernier... celui-ci, cela sera peut-être pour l'édition 2013 que j'attends avec impatience ;-)

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  7. je suis une inconditionnelle de la poésie de Yvon le Men et suis contente de le trouver sur les blogs car malgré son immense talent il est -à l'instar du titre de ce recueil- un auteur "marginal" - au sens confidentiel.

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