vendredi 29 juin 2012

Ne tremble pas! de Peter Leonard, polar.

Quatrième de couverture: Par une froide matinée d'octobre, Owen McCall, 49 ans, et son fils unique Luke, 16 ans, quittent leur chalet situé au nord du Michigan pour partir à la chasse. Et l'accident se produit… Owen laisse derrière lui Kate, une veuve éplorée mais désormais riche d'une vingtaine de millions, et un fils complètement perdu, qui part à la dérive. Et c'est alors que resurgit Jack, l’ancien amour de jeunesse de Kate. Evidemment, l’appât du gain n’y est pour rien! Mais les trois petites frappes qu’il traine dans son sillage sauront – sans trop de mal – trouver les arguments pour le ramener à la raison… 
Le pire est à craindre. Le pire arrive. Et ça déclenche le rire! Même si certains vont mourir… 


Mon avis:
Ce roman est une sélection «Frissons de l’été» indique un cercle rouge collé sur la couverture! Plus bas , je lis, avec la signature de  Mo Hayder:
«Prenez le meilleur de Tarantino, de Carl Hiaasen et de Scott Turow. Secouez. Un cocktail détonnant à lire d’un trait.»
Pas moins ! 
D’avance,  je me frotte les mains: de telles références, ça ne peut que me plaire!
Je l’ai donc lu jusqu’au bout - contrairement à Canel qui l’a abandonné à mi-chemin – je sais,  je cafte et c’est pas beau!- 
Ma lecture ne m’a pas semblé si désagréable que ça: j’ai suivi le fil ténu qui me promettait l’indispensable plongée dans l’intrigue ainsi que  la montée d’adrénaline sans laquelle il ne peut exister de bons policiers et ce petit plus qui fait les grandes heures de toute création littéraire! 
Mais au bout du compte, j’ai eu beau poursuivre sagement mon petit bonhomme de lecture,  je n’y ai trouvé qu’ennui et accumulation de clichés et d’invraisemblances dans toute  cette histoire 
On m’avait promis de l’humour que j'ai à peine aperçu car  trop légèrement disséminé ici et là.
Quant aux frissons, je les attends encore! 
La preuve et le signe que ce livre ne m’aura vraiment pas marquée, c’est qu’après seulement quelques jours, je suis incapable de le résumer et à part le couple Eva et Luke, mère et fils, il ne me reste aucun souvenir des autres personnages!
Inutile d’en dire plus!  Je renvoie aux billets de Cynthia et de Canel
Quant aux autres, nettement plus positifs,  voire pour certains carrément dithyrambiques,  ils sont si nombreux que je vais me dispenser de les citer.   
Je remercie les éditions L'Archipel et L.P Conseils pour cette lecture qui, je l'espère, saura trouver un public plus accueillant.
Ne tremble pas! Peter Leonard, (L'Archipel, 2012, 270 pages) Traduit de l'américain par Daniel Lemoine.

Le chapeau de Mitterrand d'Antoine Laurain reçoit un nouveau Prix

Le 35e prix Relay des voyageurs a été remis jeudi 28 juin à Antoine Laurain pour Le chapeau de Mitterrand (Flammarion). (Mon billet ICI)

Déjà primé par le Landerneau découvertes, le livre raconte comment le chapeau que Mitterrand a un jour oublié dans un restaurant passe de tête en tête et bouleverse des destins. L’auteur brosse aussi, dans ce 4e roman, le portrait des années 80. 

Plus de 10 000 personnes ont voté à côté des dix personnalités du monde du voyage et de la cuture qui composent chaque année le jury du prix Relay dont font partie:

  • Christophe ANDRÉ: Psychiatre et écrivain
  • Eric FOTTORINO: Journaliste et écrivain
  • Alix GIROD DE L'AIN: Journaliste et écrivain
  • Esther LENEMAN: Journaliste
  • Eric NEUHOFF: Journaliste et écrivain

Étaient en compétition:

  • La tristesse du samouraï de Victor del Arbol (Actes Sud) (Billet de Ys: ICI
  • Une année studieuse d’Anne Wiazemsky (Gallimard) (Dominique: ICI , Stephie: ICI)
  • Les règles du jeu d’Amor Towles (Albin Michel).(Enfin Livre:ICI)

jeudi 28 juin 2012

Robert Sabatier vient de décéder.


Né en août 1923, à Paris, Il avait 88 ans. 
Doyen de l’Académie Goncourt, dont il faisait partie du jury depuis 1971,  il était  l’auteur des «Allumettes suédoises», roman autobiographique qui s’était révélé un des plus grands succès de 1969. 

A partir de 1976, il avait entrepris de publier neuf volumes sur l’«Histoire de la poésie française».
Lui-même écrivait de nombreux poèmes pour l’ensemble desquels il a reçu  le Grand Prix de poésie de l’Académie française. 
J'ai aimé ses premiers romans mais regrette de  ne pas connaître assez  ses poèmes. Je vais les découvrir maintenant.


Doodle Jean Jacques Rousseau pour le 300e anniversaire de sa naissance


Jean-Jacques Rousseau  aurait eu  300 ans aujourd'hui. 
Un nouveau doodle vient nous rappeler la date de sa naissance, le 28 juin 1712 à Genève. 
Philosophe et musicien genevois francophone, son décès  a eu lieu le 2 juillet 1778 à Ermenonville, où  le marquis de Girardin lui avait offert l'hospitalité, dans un pavillon de son domaine, près de Paris. 
Il y était enfin heureux et c'est là qu'il continua d'écrire  son magnifique livre posthume: "Les rêveries du promeneur solitaire". 
On le voit ici représenté pendant une de ses longues marches quotidiennes qu'il affectionnait. 
Il y meurt subitement le 2 juillet 1778, sans doute d' un accident vasculaire cérébral.


C'est un des plus  grands écrivains du siècle des Lumières, un de ceux qui, avec Voltaire, Diderot et les Encyclopédistes,  a le plus influencé les esprits et préparé la Révolution. C'est d'ailleurs la Convention qui demande le  transfert de ses cendres d'Ermenonville au Panthéon où un hommage solennel  a  lieu le 11 octobre 1794. Curieusement, il repose face à Voltaire, son grand rival, mort peu avant lui, le 30 mai 1778. 


Je suis né à Genève, en 1712 d’Isaac Rousseau, Citoyen, et de Susanne Bernard, Citoyenne. Un bien fort médiocre, à partager entre quinze enfants, ayant réduit presque à rien la portion de mon père, il n’avait pour subsister que son métier d’horloger, dans lequel il était à la vérité fort habile. Ma mère, fille du ministre Bernard, était plus riche : elle avait de la sagesse et de la beauté. Ce n’était pas sans peine que mon père l’avait obtenue. Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie ; dès l’âge de huit à neuf ans ils se promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille ; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter. La sympathie, l’accord des âmes, affermit en eux le sentiment qu’avait produit l’habitude. Tous deux, nés tendres et sensibles, n’attendaient que le moment de trouver dans un autre la même disposition, ou plutôt ce moment les attendait eux-mêmes, et chacun d’eux jeta son cœur dans le premier qui s’ouvrit pour le recevoir. Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l’animer. Le jeune amant ne pouvant obtenir sa maîtresse se consumait de douleur : elle lui conseilla de voyager pour l’oublier. Il voyagea sans fruit, et revint plus amoureux que jamais. Il retrouva celle qu’il aimait tendre et fidèle. Après cette épreuve, il ne restait qu’à s’aimer toute la vie ; ils le jurèrent, et le ciel bénit leur serment.

(...)Tels furent les auteurs de mes jours. De tous les dons que le ciel leur avait départis, un cœur sensible est le seul qu’ils me laissèrent ; mais il avait fait leur bonheur, et fit tous les malheurs de ma vieJ’étais né presque mourant ; on espérait peu de me conserver. J’apportai le germe d’une incommodité que les ans ont renforcée, et qui maintenant ne me donne quelquefois des relâches que pour me laisser souffrir plus cruellement d’une autre façon. Une sœur de mon père, fille aimable et sage, prit si grand soin de moi qu’elle me sauva.(...)

Je sentis avant de penser ; c’est le sort commun de l’humanité. Je l’éprouvai plus qu’un autre. J’ignore ce que je fis jusqu’à cinq ou six ans. Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi : c’est le temps d’où je date sans interruption la conscience de moi-même. Ma mère avait laissé des romans ; nous nous mîmes à les lire après souper, mon père et moi. Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif que nous lisions tour à tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. Nous ne pouvions jamais quitter qu’à la fin du volume. Quelquefois mon père, entendant le matin les hirondelles, disait tout honteux : allons nous coucher ; je suis plus enfant que toi.
Rousseau: Les Confessions, Livre I (1712-1728) 

mercredi 27 juin 2012

Le montreur d'histoires de Raphaël Beuchot et Zidrou, ma BD du mercredi


Dans un petit village d’Afrique, les enfants sont heureux lorsque réapparaît la roulotte du montreur d’histoires, le marionnettiste. Il raconte l’histoire du petit singe  «Sans façon» dans son affrontement avec le terrible Septention, un monstre mi-serpent mi-lion qui l’empêche de grimper dans les arbres.  
C’est une histoire à épisodes, une fable qui raconte comment en s’opposant à son ennemi, le singe  se met peu à peu debout pour devenir  homme. C’est aussi toute l’histoire de Souleymane, le conteur aux mains coupées, l'ennemi des  dictateurs et des policiers qui ne veulent pas de ceux qui font rêver les autres.  Il apprend à manipuler ses marionnettes avec ses pieds mais on lui coupe les pieds, alors sans se décourager, il se met à se servir de sa bouche pour agiter les ficelles. 


C’est une histoire tragique qui parle de résistance et de liberté, de tyrannie et de courage, de rêve et d’amour dans un pays martyrisé. Les images sont belles, la mise en scène classique. Il se trouve simplement que je n’ai pas aimé les couleurs, souvent trop sombres sauf vers la fin quand «L’homme redevient une histoire, une idée d’histoire:   «Il était une fois».

Je n’ai trouvé que de bonnes critiques, dont celle de Noukette, qui a beaucoup apprécié le dessin de Raphaël Beuchot, «un dessin vif et coloré, affirmé» et pour qui ce one-shot a été «une belle réussite et une réelle surprise»

 Site de Raphaël Beuchot ICI

Le montreur d'histoires de Raphaël Beuchot et Zidrou. (Le Lombard, , 2011, 104 p)


Alex, Amandine,  Arsenul,   Benjamin, Carole,  choco,  Chrys,  Delphine, Didi,  Dolly,  

Emmyne, Estellecalim, Hilde, Hélène,   Hérisson08, Iluze,  l' Irrégulière,     Jérôme, 


Margotte, Marguerite,  Marie,  Marion,  Mathilde, Mélo, 


Noukette   OliV', Pascale, Paulinelit,  Sandrounette,  Sara Sofynet,  Soukee,  Theoma, 


Un amour de bd-Jacques VielValérie, Sophie/Vicim,  Syl,  Vero, Wens,  Yaneck,   


Yoshi73,  Yvan,   Mr Zombi,  32 octobre,

Je participe aussi au Top BD de Yaneck (15/20) ainsi qu'au Roaarrr Challenge de Mo

mardi 26 juin 2012

Pome ou les petites choses de Johan Troïanowski





C’est le jour maintenant et le soleil luit  en grosse boule blanche roulant dans le ciel tout blanc. A terre, la petite fille joue avec un ballon rouge qu’elle offre bientôt à une grande fille qui pleure: «Snif» et sur laquelle le ballon se transforme en nez rouge, ce qui la fait éclater de rire.

La prochaine rencontre sera celle d’un épouvantail très fier de faire fuir tous les oiseaux.
Suivent pour la petite des découvertes insolites: un livre de maths, un troupeau de brebis, un indien, une averse de neige …
Bientôt de jolies couleurs envahissent les pages.
Tout est devenu possible.
La petite fille s'est emparée d'un crayon de couleur.
Elle refuse de vendre son œuvre à un financier.
Qui y met le feu.
Il ne reste plus que la signature: « Anowski »
La petite fille poursuit son chemin.
Restent l’encre de Chine  et les pas vers la sortie
et la ruche avec les abeilles qui envahissent les couvertures et leurs rabats intérieurs!
Voilà mon interprétation de ce bel album.
Il doit y en avoir mille autres possibles, autant que de lecteurs probablement. 
Histoire me rappelant celle du Petit Prince et de ses rencontres de planète en planète ainsi que  celle d’Alice au pays des Merveilles qui peuvent devenir d’absurdes cauchemars! 

J’adore Alice au pays des merveilles. Quand j’étais petit cette histoire me terrifiait, aujourd’hui, elle me fascine.
(Interview de l'auteur)
Pome ou les petites choses de Johan TROÏANOWSKI
L’Atelier du Poisson Soluble, mai 2012, 64 p
Merci à L’Atelier du Poisson Soluble.
 MO, en a également parlé.

lundi 25 juin 2012

Le chapeau de Mitterrand de Antoine Laurain

Le fait d'avoir un chapeau sur la tête vous confère une indéniable autorité sur ceux qui n'en ont pas.
Antoine Laurain a écrit une bien jolie fable autour d’un chapeau, pas celui de n’importe qui cependant,  mais le chapeau noir de Mitterrand, avec ses initiales FM gravées en lettres dorées à l’intérieur. 
Le Président l’a oublié un soir, dans une brasserie parisienne où il dînait, en compagnie de deux amis dont Roland Dumas
Son voisin de table, Daniel Mercier, un comptable qui s’offrait un repas en solitaire, s’est alors emparé  du chapeau qui aussitôt lui a porté chance, lui permettant de tenir tête à son chef et de se voir offrir ensuite un poste bien plus prestigieux.
A son tour, il oublie le précieux couvre-chef  qui  sera récupéré  par trois autres personnes   auxquelles il portera chance également. Une jeune fille osera enfin rompre avec celui qui, depuis deux ans, lui promettait faussement de divorcer pour l’épouser. Un «nez» célèbre mais en panne depuis longtemps réussira à créer un nouveau parfum et le dernier, mon préféré, changera carrément de goût artistique et d’orientation politique.

C’est drôle, inventif, pétillant. C’est léger, bien écrit, tout en s’appuyant sur une  documentation parfaite, soignée et sans fausses notes,  concernant  la vie en France, à Paris, dans les années quatre-vingts. 
Comme les nombreuses  lectrices et  blogueuses  qui l’ont aimé, j’ai passé un bien agréable moment de lecture avec ce roman  qui se lit très vite, sans qu’on ait envie de le lâcher un seul instant. 
Quelques minutes plus tard, le sommelier revint avec un seau argenté sur pied où un nouveau pouilly-fuissé baignait dans la glace. Il déboucha la bouteille avec grâce et en versa une gorgée dans le verre présidentiel. François Mitterrand  goûta et approuva d'un imperceptible hochement de tête.  Daniel se resservit un plein verre qu'il but presque d'un trait, avant de prendre une cuillerée de vinaigre rouge aux échalotes pour en napper une huître. "Je l'ai dit à helmut Kohl, la semaine dernière..." La voix de François Mitterrand accompagna sa dégustation et Daniel se dit que plus jamais il ne mangerait d'huîtres au vinaigre sans entendre:"Je l'ai dit à Helmut Kohl, la semaine dernière..."
Le chapeau de Mitterrand, Antoine Laurain
(Flammarion, 2012, 212 p)

L'ont également lu : Liliba,  Yspaddaden,   Cryssilda,  Leiloona, Stephie, Véronique

Edit du 28 juin 2012: Le prix Relay des voyageurs 2012 vient d'être attribué à ce roman.

Curiosité: le feutre noir  de Mitterand a été vendu aux enchères à Drouot, en janvier 2008 et acquis par le parti socialiste pour 10 000 euros, soit 100 fois sa valeur de départ. Il est maintenant au musée François Mitterrand à Jarnac, lieu de naissance de l'ancien président. 

dimanche 24 juin 2012

Paris a désormais sa place Louis-Aragon dans l'île Saint-Louis


L'ile Saint-Louis, Aragon (1897-1982) l'a chantée, et celle-ci vient de lui offrir une place à son  extrémité ouest, sur le quai de Bourbon,  près de la maison d'Aurélien dans son roman du même nom. Le poète aurait eu une liaison dans un appartement de cette place avec la milliardaire Nancy Cunard. (1896-1965, écrivain anglaise, éditrice, militante politique, anarchiste et poète)
C'est le 27 mars 2012 qu'à l'occasion du trentenaire de la mort d'Aragon  le maire de Paris, Bertrand Delanoë a inauguré cette place par une pancarte où sont inscrits les vers de la première strophe du poème suivant:
 Connaissez-vous l’île
Au cœur de la ville
Où tout est tranquille
Éternellement.

L’ombre souveraine
En silence y traîne
Comme une sirène
Avec son amant.

La Seine profonde
Dans ses bras de blonde
Au milieu du monde
L’enserre en rêvant.


Enfants fous et tendres
Ou flâneurs de cendres
Venez-y entendre
Comment meurt le vent.


La nuit s’y allonge
Tout doucement ronge
Ses ongles ses songes
Tandis que chantant.


Un air dans le soir
Est venu s’asseoir
Au fond des mémoires
Pour passer le temps.

Louis Aragon
A cette occasion Bertrand Lavilliers a chanté un autre poème d'Aragon, mis en musique par Léo Ferré: Est-ce ainsi que les hommes vivent?
 http://www.youtube.com/watch?v=wOVI0PBxAEU&feature=related

samedi 23 juin 2012

A la santé d'Henry Miller, Olivier BERNABÉ

Balthazar Saint-Cène est un antiquaire reconnu sur la place de Paris. Alors qu’il est invité à un mariage qui ne l’enchante guère, il fait la rencontre d’Alma, une femme énigmatique qui se présente comme son ange gardien. Celle-ci va le conduire sur le chemin d’une nouvelle vie, la vita nova: il quitte famille, femme, enfant, activité professionnelle, à la recherche du mystère qui le relie à elle. Ce sera l’occasion de découvrir un milieu inconnu, ainsi que le courage et le don de soi. Tout au long du récit, Balthazar est accompagné par sa conscience, incarnée par Henry Miller, l’écrivain qui l’a beaucoup marqué et qui habite en lui et le guide au-delà des réponses aux énigmes, vers sa propre identité. Au départ léger et drôle, avec quelques envolées romanesques originales autour du dialogue Miller-Balthazar, le ton de ce roman psychologique et initiatique devient de plus en plus signifiant, chargé de révélations, jusqu’à la triple fin qui devrait surprendre les lecteurs. (éditeur)
                                                                   ***
Ce roman aurait une bonne centaine de pages en moins, je l’aurais peut-être aimé car, résumée, l’histoire, très romanesque, est sympathique. Un antiquaire bien installé dans la vie, avec une femme aimante, un enfant, l'estime de son milieu,  quitte tout, brusquement, après avoir rencontré une jeune femme énigmatique lors d’un mariage. Qui est-elle? Le mystère plane longtemps. Entre temps, seul avec l’écrivain Henry Miller comme seconde conscience, il refait le point sur lui-même et sa vie.  
La fin est nettement plus prosaïque et moins mystique que celle à laquelle je m’attendais, ce qui n’est d’ailleurs pas pour me déplaire. 
                                                                 ***
J’aurais préféré aimer cette lecture plutôt que de devoir préciser mes réticences, d’autant plus qu’il s’agit d’un premier roman. Cependant ma lecture a été rendue pénible quand j’ai commencé à trouver que ça partait dans tous les sens. A vouloir trop bien faire, l’histoire s’est vite alourdie d’un tas de détails, de précisions  et d’envolées  culturelles très superflues et encombrantes. L’énumération serait  très longue de toutes les références qui parsèment et freinent le récit: Henry Miller, Gustave Moreau, Antigone, Faust, Casanova, Lovecraft, Socrate et tant d’autres.  
 Ce livre m’a saoulée: à la fois trop ambitieux et trop bavard: Les défauts d’un premier livre peut-être quand l’auteur veut tellement bien faire qu’il finit par en faire trop! 
Un exemple: page 108. Alma, la mystérieuse l’appelle pour lui donner rendez-vous, près de chez lui, dans la Galerie Vivienne. Hop, aussitôt nous avons le droit à une page  entière sur l’endroit dont je ne sauve qu’une phrase, la plus  significative pour l’intrigue: «Le décor était adapté à notre mystérieux rapport, qui pour moi, représentait plus qu’une simple rencontre avec une femme énigmatique; un voyage au sein de ma propre identité, mes contradictions; un corridor infiniment étroit entre deux mondes, deux états.» 

Ces trop nombreuses digressions ont alourdi ma lecture.
 «La lenteur et l’ennui atteignaient leur paroxysme». (p 106)
Très vite je n’étais plus en phase avec le récit. Je le regrette encore

Irrégulière cependant est d'un avis contraire.
A la santé d'Henry Miller,  Olivier BERNABÉ,
Premier roman.  (Editions Persée, 2011, 320 pages)

vendredi 22 juin 2012

Perplexité pour les 65 Prix décernés par l'Académie française

65 prix décernés par L'Académie française en 2012, pourquoi pas?
Ce n'est pas ce nombre élevé  qui me chiffonne mais la différence entre les dotations. Si je me réjouis pour Patrick Grainville, Alain Mabanckou,  Daryush Shayeganrand, Olivier Barrot de recevoir des prix allant de 22.500 à 45.000 euros,  je suis un peu effarée de la modestie des montants reçus par les Prix Poésie,Théâtre, Cinéma et Philosophie, Nouvelles, oscillant de 1.000 à  3.750 euros.
Il doit y avoir de très bonnes justifications à cet état de fait mais pour le moment on ne peut que les imaginer puisque  le site de l'Académie ne les donne pas. ICI 


L'Académie française a rendu public jeudi son palmarès pour l'année 2012 qui comprend pas moins de 65 distinctions couronnant poètes, cinéastes, défenseurs de la francophonie, philosophes, gens de théâtre, écrivains parmi lesquels Alain Mabanckou ou Patrick Grainville.
Le Grand Prix du Roman de l'Académie française, qui a récompensé en octobre Sorj Chalandon pour "Retour à Killybegs", sera lui décerné comme de coutume à l'automne. (7500 €)
Parmi les lauréats 2012, l'écrivain d'origine congolaise Alain Mabanckou, auteur en 2012 du "Sanglot de l'homme noir", reçoit le Grand prix de littérature Henri Gal, doté de 40.000 euros, pour l'ensemble de son oeuvre.
Le Grand prix de littérature Paul Morand doté de 45.000 euros est lui attribué à Patrick Grainville.
Le Grand prix de la francophonie doté de 22.500 euros est décerné à l'Iranien Daryush Shayeganrand. Olivier Barrot est lauréat du Prix Hervé Deluen doté de 25.000 euros pour la promotion de la littérature française à laquelle il oeuvre au sein de la Maison française de l'université de New York.
La lauréate 2009 du Goncourt, Marie NDiaye, reçoit le Prix du théâtre, doté de 1.000 euros, pour l'ensemble de son oeuvre dramatique et le réalisateur Benoît Jacquot le Prix du cinéma René Clair, doté de 1.500 euros, pour l'ensemble de son oeuvre.
Maxime Le Forestier se voit attribuer la Grande médaille de la chanson française pour l'ensemble de ses chansons.
Enfin, le Grand prix de poésie doté de 3.800 euros est attribué à Jean-Claude Pirotte pour l'ensemble de son oeuvre et le Grand prix de philosophie doté de 3.750 euros à Barbara Cassin, également pour l'ensemble de son oeuvre.
Parmi les lauréats des autres prix, Mireille Huchon a reçu le prix de la biographie (Littérature) pour son oeuvre Rabelais (Gallimard); Philippe Mesnard a été récompensé par le prix de la bibliographie (Histoire) pour M., pour Primo Levi. Le passage d’un témoin (Fayard) ; et Claude Leroy a obtenu le prix de la critique pour Dans l’atelier de Cendrars (Champion). (AFP) 
Edit du 23 juin: le prix de la nouvelle 2012 de l'Académie française a été reçu par Catherine Ravelli pour le recueil "Accident voyageur" (éditions La Feuille de thé)

jeudi 21 juin 2012

Un autre amour, Kate O'Riordan


Serait-ce ma semaine des coups de cœur?  Après: "Demande à la poussière"  et  "Les Anges n’ont rien dans les poches" des Fante, père et fils, voici "Un autre amour", de l’Irlandaise Kate O’Riordan,  éblouissant roman, d’une intensité digne des plus grands dans l’analyse du  sentiment amoureux au sein d’une  relation plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Je viens de terminer ce roman criant de vérité et de finesse psychologique.
Aucun amour n’est absolu, fût-il immense. Tous souffrent d’ambiguïtés de toutes natures.
C’est le sentiment qui domine en moi en refermant ce livre. Est-ce aussi  ce que la romancière a savamment distillé dans cette  histoire de couple qui démarre très classiquement sur une trahison de vacances?
Matt Wilson  et Connie forment un couple heureux entouré de trois garçons, dans une agréable maison, à Londres où ils travaillent. Après un court séjour en amoureux  à Rome, Connie revient seule retrouver ses fils gardés par Marie, sa meilleure amie.  Matt a décidé de ne pas rentrer chez lui,  ayant rencontré Greta,  son ex grand amour de jeunesse qui l’avait laissé tomber.  Elle a perdu un enfant dans un incendie dont elle se sent coupable et il veut la soutenir dans cette épreuve.
Dans un premier temps, Connie croit en son retour et répond vaillamment aux questions des enfants restés sans signes de vie de leur père et sans explications.  L’absence se prolongeant, elle passe ensuite par tous les stades possibles et imaginables en pareil cas. Les instants de  détresse, de dépression, de déni et de folie se succèdent.
Jusque là, c’est beau, troublant, mais ça reste du classique, souvent décrit, parfois vécu. C’est déjà bien et la seule question que l’on se pose est celle, éternelle, du retour de l’époux que l’on juge volage et irresponsable.
Il revient et pourtant rien n’est simple. La vie reprend dans sa banalité quotidienne mais tout se complique dans les cœurs et ce n'est qu'un début...
Si j’aimais le roman jusque là, à partir de ce moment, c’est une grande admiration que j’ai ressentie pour l’auteur qui fait rebondir l’intrigue d’une façon magistrale, en fouillant dans les émotions profondément enfouies  des souvenirs de chacun.
Un grand roman. Un coup de cœur.

En ont parlé: Kathel, Cathulu, Antigone, Cynthia Choco, Clara,
Un autre amour par Kate O'Riordan (éditions Joelle Losfeld, 2005-2010, 279 pages à lire) Titre original : Loving him. Traduit de l’anglais (Irlandes) par Florence Lévy-Paoloni

mercredi 20 juin 2012

Milady de Winter de Agnès Maupré, T1, ma BD du mercredi

Quelle joie en découvrant la Milady de Winter d’Agnès Dupré!  Un vrai coup de cœur! Non pas pour l’histoire que je connaissais déjà pour avoir lu «Les Trois Mousquetaires» d’Alexandre Dumas mais pour le personnage d’une femme très jeune, belle, libre, peste et délurée, à la fois très seule et très spontanée, bien différente de la méchante et dangereuse Milady dont je me souvenais.  
Par-dessus tout, ce sont les dessins qui m’ont séduite.  Je les  trouve superbes, tout à fait adaptés à l’exubérance et à la légèreté des mœurs de l’époque des Mousquetaires et de Richelieu, les deux camps ennemis.
Beaucoup de surprise, d’émerveillement,  d’amusement et d’admiration devant le dynamisme  et la beauté de cette première partie.
Le tome 2 est aussi intéressant, dit-on et j’en suis ravie car je dois le lire encore.  

Milady de Winter, Tome 1, Agnès Maupré

(Ankama éditions, 2010) D’après Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas



Alex, Amandine,  Arsenul,   Benjamin, Carole,  choco,  Chrys,  Delphine, Didi,  Dolly,  



Margotte, Marguerite,  Marie,  Marion,  Mathilde, Mélo, 


Noukette   OliV', Pascale, Paulinelit,  Sandrounette,  Sara,  Sofynet,  Soukee,  Theoma, 

Valérie, Sophie/Vicim,  Syl,  Vero, Wens Yaneck,  Yoshi73, Yvan,   Mr Zombi,  32 octobre,


Je participe aussi au Top BD de Yaneck (18,5/20) ainsi qu'au Roaarrr Challenge de Mo'

mardi 19 juin 2012

Les sœurs Andreas de Eleanor Brown

Les sœurs Andreas sont trois jeunes femmes dans la trentaine qui retournent vivre le temps d’un été dans la maison familiale d’une  petite ville universitaire  quelconque pour soigner leur mère malade du cancer. Leur père est un professeur excentrique, obsédé par Shakespeare. Il  les a élevées au milieu des livres. Toutes les trois sont devenues de grandes lectrices. C’est d’ailleurs leur seul point commun car elles sont très différentes dans leurs vie et leurs caractères.  Voilà plusieurs années qu’elles ne se voient plus, chacune critiquant fortement le mode de vie des deux autres.
Rose, l’aînée, se veut  la plus dévouée et la plus équilibrée. Professeur de mathématiques dans la ville, elle prépare mollement  son mariage pour Noël. Son fiancé est pour deux ans en Angleterre et elle lui a promis de le rejoindre mais elle en ressent d’autant moins l’envie qu’elle se sent indispensable auprès de ses parents. Elle souffre de n’être pas restée fille unique.
Bean, (Bianca) la seconde, la plus jolie, très coquette,  est partie très tôt de la maison pour vivre à New York où elle a mené une vie très libre et tout le monde s’étonne de son retour,  annoncé comme définitif,  dans un endroit qu’elle a toujours détesté. Sa place du milieu dans la fratrie  fait qu’elle se sent toujours écrasée par ses sœurs si bien qu'elle ne cesse de chercher à attirer l'attention.  Elle n’aime pas ce qu’elle est devenue.
Cordy, (Cordelia), la petite dernière, la plus gâtée, a beaucoup voyagé,  un peu n’importe où, travaillant à droite et à gauche, vivant ici et là avec des amis de passage, se défonçant avec eux. Elle revient avec un lourd secret.
J’ai trouvé intéressantes ces retrouvailles familiales, cette redécouverte de sœurs, perdues de vue depuis longtemps. Bien des surprises et des remises en compte auront lieu durant cet été.  du grand chambardement où les destinées de chacune vont bifurquer et prendre un nouvel essor.
Malgré de trop nombreux dialogues à mon goût, ce roman est agréable à lire. Une  lecture d'été, légère à souhait mais avec de nombreuses références shakespeariennes à la clé.  J’ ai surtout apprécié le thème des relations entre sœurs à un moment crucial de leurs vies et, bien sûr, les nombreuses références à leurs lectures puisqu'elles ont toujours un livre avec elles. 
Un détail cependant m'a troublé tout au long de ma lecture. Le "Nous" est  constamment employé mais qui est la sœur narratrice?
En relisant le prologue, je penche pour Bean.
Nous retournâmes dans le giron familial parce que nous étions des ratées. Bien évidemment, aucune d’entre nous ne l’admit ainsi, ni dans un premier temps, ni vis-à-vis d’elle-même, et sûrement pas vis-à-vis de qui que ce soit d’autre. Nous prétendîmes que nous revenions à la maison parce que notre mère était malade, parce que nous avions besoin d’une pause, d’une halte momentanée avant de repartir  à la poursuite du Grand But suivant  Mais la vérité était que nous avions échoué, et plutôt que de le laisser voir à quiconque, nous nous inventâmes des alibis et de belles excuses, dans lesquels nous nous drapâmes comme dans une cape destinée à combattre la froide vérité. Première étape: le déni.  
 "La nuit dernière, j'ai rêvé des trois sœurs fatales."
William Shakespeare, Macbeth

Autres billets ICI, 
Les sœurs Andreas de Eleanor Brown,
(Marabout, 2012, 446 pages),Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Amalric
Merci à Laetitia Joubert de Hachette Web  et aux éditions Marabout. 

Les Fante, père et fils, autour d'une photo

Dan Fante travaille et vit à New York lorsqu'il apprend que son père, John (1909-1983) se meurt dans un hôpital de Los Angeles. Il écrit ce qui suit dans l'avion pour aller le rejoindre. 
Le Jack Daniel n’avait pas  encore frappé et une image précise de mon père a surgi dans mon esprit. Une photo de lui, ma préférée.  Je ne l’avais pas vue depuis des années mais elle me revenait clairement: Dante , à vingt-deux  ou vingt-trois ans pas plus. Debout sur une pelouse, en tee-shirt trempé de sueur, à contre-jour d’un soleil ardent, le pantalon retroussé comme pour jouer au base-ball, mains sur les hanches, tête inclinée sur l’épaule, il regardait l’objectif avec insolence. Un Dante jeune, fier, qui mordait dans la vie. Mes larmes redoublèrent. 
Dan Fante: "Rien dans les Poches"  ("Chump Change")


lundi 18 juin 2012

Rien dans les poches, Dan Fante

Après le premier roman du père, déjà abordé ici, voici le premier roman du fils, sur la mort de son père, justement, l’écrivain John Fante et le bouleversement qui s’en est suivi dans sa vie à lui, Dan Fante,  qui, après bien des péripéties tragico-grotesques, dues à son addiction éthylique, se termine glorieusement par l’écriture d’un premier poème,  difficile à formuler,  jusqu’à l’explosion de ce roman autobiographique que ne renierait pas le grand écrivain John Fante lui-même, ici sous le nom de Jonathan Dante.
A peine sorti d'une énième cure de sevrage, Bruno Dante apprend que son père agonise à l'hôpital Cedar Sinaï, à Los Angeles. Le père meurt, Bruno prend le large avec la carte bleue de sa femme, la voiture de son frère et Rocco, le chien de son père. L'aventure commence, déchirante, grotesque, furieuse. (L'éditeur)
Difficile de suivre les traces de ses parents, quels qu’ils soient et pourtant, ce récit est une réussite, à hauteur de son modèle. Le lire juste après «Demande à la poussière» a été une riche idée et un plaisir véritable.
L’auteur se livre avec une franchise si totale, semble-t-il, qu’on frôle vite la provocation mais, dans cet alcoolique invétéré qui ne sort de cure de désintoxication que  pour mieux retomber dans  son addiction, on sent un tel désespoir, une telle envie de s’en sortir et une telle tendresse,  mêlée à une violence sans frein, envers les êtres paumés  comme lui, qu’on finit par s’y attacher intensément, tout en s’irritant  de le voir céder si facilement à ses penchants.
J'ai aimé ce roman à l'égal de celui du père. On y retrouve le chien  Rocco, celui tant aimé  malgré ses défauts, dont parle John Fante dans :"Mon chien stupide", celui qui attaque tous les autres chiens du quartier et qui , comme son maître,  a un gros penchant pour le whisky. Ici, après l'enterrement, malade et en fin de vie, lui aussi,  il fera partie du "road movie" délirant, en compagnie de son nouveau maître, en dehors de  toutes  attaches familiales ou sociales. La fin,  là encore, est  très belle - inattendue!  L'avenir peut commencer.    
 Rien dans les poches,  Dan Fante,
(13e Note éditions.  oct.2011. Roman : 240 pages). Traduit de l’américain par Léon Mercadet.
Photo: John Fante et son chien Rocco, héros des livres: "Mon chien stupide" de JF et de "Rien dans les poches" de DF.