lundi 27 février 2012

Reliques d’écrivains à Paris

Comme les  personnes pieuses  vénèrent les reliques des saints, les  amoureux des Belles  Lettres conservent avec soin les restes des grands auteurs.  Voici, pioché dans Les secrets de Paris de Clémentine Portier-Kaltenbach, "un rapide inventaire des plus illustres «rogatons » conservés dans la capitale." 
Le cœur de Voltaire : Bibliothèque nationale, 58, rue Richelieu. Il se trouve dans l’original en plâtre du Voltaire assis sculpté par Houdon.

C’est le marquis de la Villette, hôte et ami de Voltaire qui le conserva dans un reliquaire de vermeil sur lequel il fit inscrire:  «Son cœur est ici, mais son esprit est partout.»
Il le transporta à Ferney, la propriété de Voltaire qu’il racheta. Ce n’est qu’en décembre 1864 que le cœur scellé dans le marbre entra à la BN, (alors bibliothèque impériale). (Pour en savoir plus: Ici)
                                                   Le salon d'honneur Richelieu de la BnF
Le  cerveau de Voltaire,  lui, en revanche, se trouve à la Comédie-Française, salle Richelieu, en compagnie d’un fragment de mâchoire de Molière.
                                                      (Salle Richelieu, Comédie française)
Quant à la Fontaine, c’est une de ses vertèbres que conserve  le musée Carnavalet, musée  qui  expose également  une bague  dont le chaton est constitué d’une dent de Mme de Sévigné.
Richelieu, le père de l’Académie, quant à lui, a sa tête momifiée et un auriculaire dans la chapelle de la Sorbonne. Cette tête, longtemps conservée  au collège de Saint-Brieuc,  était présentée chaque année aux élèves à l’occasion de la remise des prix.
«Ses heureux détenteurs, la famille Armez vivant dans les Côtes du Nord (devenues d’Armor), finiront par restituer cet auguste chef à la République en 1866.»
                (Collège Anatole le Braz de Saint-Brieuc)                                              (Chapelle de la Sorbonne)
Les crânes des grands hommes étant particulièrement vénérés, ceux de Descartes et de Boileau se trouvent désormais au musée de l’Homme, place du Trocadéro.
Y resteront-ils? François Fillon aimerait que le crâne de Descartes soit transféré au Prytanée de la Flèche (un lycée militaire) dans la Sarthe, son fief électoral. L'auteur du «Discours de la méthode» y a séjourné  de 1607 à 1615 .
Plus étrange: le cas de Sainte-Beuve dont trois calculs se trouvent à la bibliothèque de la Faculté de médecine, rue Bonaparte. L'écrivain, grand rival de Victor Hugo, souffrait de la maladie de la pierre, comme Montaigne"Trois calculs furent extraits de sa vessie, après son autopsie, dont l'un, gros comme un œuf, donne une petite idée du martyr que dut endurer l'écrivain, ce que confirme Georges Sand dans une lettre du 13 octobre 1869: "Le pauvre Sainte-Beuve est mort aujourd'hui dans des souffrances affreuses? C'est un grand esprit de moins."
Billet inspiré par la  lecture du livre: Les secrets de Paris de Clémentine Portier-Kaltenbach (La librairie Vuibert, janvier 2012, 288 p.)

10 commentaires:

  1. quel beau billet mango, merci beaucoup pour cette visite de paris :)

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    1. Curieuse promenade parisienne - réservée aux amateurs.

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  2. dans les reliques des écrivains ce que j'aime conserver ou plutôt dusquer ce sont des phrases que l'on a lu nul part et que tout à coup nous découvrons au hasard d'un colloque à cerisy ou dans la conversation avec un des ses amis et là je deviens folle
    souvent dans les éditions de la pelliade des inédit lus vus nulle part ailleurs
    belle semaine chez Mango

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    1. C'est toujours un plaisir ce genre de découvertes de belles phrases, dans la Pléiade ou dans des éditions anciennes. .

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  3. Plus qu'une invitation à la promenade, un cours d'anatomie!

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  4. Très spéciale cette visite ... Fillon voudrait récupérer le crâne de Descartes pour son fief ? qu'est-ce qu'ils peuvent être égocentrés tous ces politiques, ils en sont épuisants.

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  5. Ouah ! Je travaille à coté des calculs de ste beuve et de la tête de Richelieu Oo C'est flippant :S
    En tout cas c'est un billet très instructif, mais qui témoigne d'une curieuse habitude de nos ancêtres.

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