jeudi 30 septembre 2010

Citation du jeudi, Jean d'Ormesson, "C'est une chose étrange à la fin que le monde"






Le rêve du vieux:



"Il n'y a jamais eu qu'un roman: c'est le roman de l'univers. Et il y a un seul romancier: c'est moi. Les autres, ceux qui écrivent des livres, qui obtiennent des distinctions et qui ramassent des lecteurs, qui deviennent célèbres et dont les noms flottent sur les lèvres des hommes, se contentent de combiner autrement, en se servant du langage que je leur ai donné, des fragments de ma création. .

Vous aimez, vous souffrez, vous vous souvenez, vous vous massacrez, vous découvrez des cieux: c'est le roman du monde". (Le vieux qui parle ici est le dieu créateur répondant au point de vue de l'homme-narrateur.   L'auteur Jeand'Ormesson se dit agnostique)

Jean d'Ormesson :"C'est une chose étrange à la fin que le monde"
Photo d'Astrophysique :La nébuleuse d'Orion, zone représentative de l'univers 
Citation du jeudi  sur une idée de Chiffonnette




.
..et cette autre encore, du même, Je ne m'en lasse pas!

"Longtemps,
 je me suis promené dans le monde, 
mains dans les poches, le nez en l'air. e
t le monde était beau"











mercredi 29 septembre 2010

Mister Hyde contre Frankenstein de Dobbs et Marinetti, la BD du mercredi,


Ainsi débute ma participation au
Challenge Halloween de Lou  et  Hilde














L’ambition des auteurs a été de revisiter les grands mythes littéraires que sont celux du Frankenstein de Mary Shelley et  du Dr. Jekyll et Mr. Hyde de Stevenson. Je n’ai pas lu le premier livre mais celui de Stevenson, oui,  et je suis infiniment déçue de cette BD sur ce plan-là. La personnalité si riche et si contrastée de Jekyll/hyde n’est plus qu’une caricature ici. Tout ce qui m’avait infiniment intéressée dans le roman, cette lente métamorphose d’un homme bon en meurtrier diabolique à force d’essayer des drogues est devenu un pantin destructeur, secondée par sa jolie gouvernante dont le calme et l’assurance laissent  prévoir un lourd secret. Ils iront ensemble à Paris puis en Suisse à la recherche de docteurs très savants  et de drogues nouvelles et rencontreront le monstre de Frankenstein,qui détruit tout sur son passage.
Une histoire de monstres et de meurtres par conséquent qui ne m’a plu que grâce aux très beaux dessins et aux couleurs glacées et glaçantes de ces pages très sombres.. J'admire ce premier album mais je ne l’aime pas.


Excellent site expliquant en particulier la création de la couverture : C'est en couverture 

Mister Hyde contre FrankensteinDobbs et Antonio MarinettiT1, La Dernière Nuit de Dieu, Participent pour l'instant aux BD du mercredi de  Mango , Valérie,Mo'lafée,Noukette,Emmyne,Hathaway,Manu,Dolly,Lystig,Yoshi73,KikineLounima,  Mathilde,Hilde choco, Herisson08 , Sandrounette  Ce billet participe au challenge "PAL  sèches " de Mo'la fée et à celui de Mr Zombi


























mardi 28 septembre 2010

Les vies extraordinaires d’Eugène de Isabelle Monnin , Rentrée littéraire 2010, Premier roman

Je n’ai pas envie de m’attarder sur ce livre acheté,  pour son titre uniquement,  un jour de fringale dépensière au C*lt*ra voisin. La quatrième de couverture est très sobre pour une fois et ne dévoile aucunement le sujet du récit : elle n’a fait que m’égarer dans le roman que je commençais de toutes pièces à me créer rien qu’à partir du titre :  " Les vies imaginaires ne sont pas les moins raisonnables "
C’était avant que Clara et George n’en parlent dans leurs beaux billets.

En résumé, il s’agit de la vie du narrateur pendant un an alors qu’il  imagine celle qu’aurait pu mener son fils,  le petit Eugène, né  grand prématuré et qui vient de mourir à l’hôpital,  d’une maladie nosocomiale, six jours après sa naissance. Sa femme ne parle plus et lui s’entraîne pour le marathon de New York. Il commence par interroger l' infirmière qui s'est  occupée de son enfant puis il ira voir ceux qui auraient dû devenir ses compagnons de crèche et l’année s’écoule, chaotique et douloureuse,  jusqu’au premier anniversaire quand  la mère écrit une longue lettre à son fils..

C’est sûrement un très beau livre mais qui m’a rendue si triste que je ne sais pas, je n’ai pas très envie d’en parler.  C’était une lecture trop douloureuse!  J'aurais peut-être mieux fait de m'arrêter avant la fin comme le narrateur dans ce passage de la page 47:
"J'ai dressé la liste des ouvrages à lire sur le deuil, et plus spécifiquement le deuil d'un enfant. Le libraire de la rue Sainte-Boubou m'a conseillé Joan Didion, L'Année de la pensée magique,  j'adore ce titre, et aussi Philippe de Camille Laurens et Tom est mort, de Marie Darrieusecq. J'ai tout acheté, pas tout lu encore. Déprimant. Tom est mort:  le récit dix ans après de la mort d'un enfant de quatre ans. Je me suis arrêté à la moitié environ, à la description de l'habit choisi par la narratrice pour enterrer son fils. Trop éprouvant. Eugène était-il habillé dans son cercueil? Je n'en sais même rien."  


En parlent aussi: Valérie, aujourd'hui même et pourtant  on n'avait pas prévu de lecture commune!
Calypso,  RestlingStephie, Keisha  + Clara et George citées plus haut.
 Les vies extraordinaires d’Eugène de Isabelle Monnin , Rentrée littéraire 2010, Premier roman
(JC Lattès,2010232 p) 

lundi 27 septembre 2010

Quand une romancière téléphone à une blogueuse ou Nothomb et Géraldine



Amélie Nothomb, fidèle au personnage de son dernier roman, Une forme de vie,  réveille un matin  Géraldine pour répondre à ses questions.: Bravo!
Les coups de cœur de Géraldine

C’est une chose étrange à la fin que le monde de Jean d’Ormesson, rentrée littéraire 2010

Voilà trois ou quatre jours que je ne me déplace plus sans mon d’Ormesson. Il vit avec moi ou plutôt c’est moi qui vis en lui comme il dit vivre  et douter en Dieu. Quoi qu’il en dise ce n’est pas un roman -  du tout -  du moins pas comme on l’entend d’habitude.  C’est bien plus ambitieux  puisque c’est le roman de la création, le roman de la vie, le roman du monde et de l’univers.
 Le grand modeste, c’est l’écrivain, celui qui sait beaucoup de choses, qui a beaucoup étudié et bien vécu  mais aussi celui qui n’est jamais sûr de rien  et qui se pose toujours les mêmes questions,  celles qui forment les deux dernières parties de son livre :
Pourquoi y-t-il quelque chose au lieu de rien ? 
La mort: un commencement ?   Y a t-il autre chose que ce monde ?

Cette dernière partie est ma préférée.  C’est un délice, une source de réflexions sans fin,  un rafraîchissement des connaissances  de toute une vie, (qui a dit un ravalement ?).  La  science, la philosophie,  l’ art,  les croyances religieuses, tout y passe et cela en souriant, sans pédantisme, avec générosité et bienveillance, comme pourrait le faire un grand-père d’aujourd’hui avec ses petits enfants si ceux-ci daignaient l’ écouter!
On est loin ici des «vanités» d’autrefois, quand les grands penseurs méditaient sur la vie et la mort, devant un  crâne, dans l’obscurité angoissée de leur cabinet d’étude! Avec Jean d’Ormesson, nous restons sur le versant tragique mais  souriant des anciens grecs, dans la luminosité méditerranéenne.

Son livre, je l’ai pris comme un hymne à la vie, au bonheur éphémère, à la connaissance, à la beauté, à l’existence entre deux néants, le passé et l’avenir,  le tout et le rien,  le mal et le bien, un hymne où  «surgissent quatre sentiments plus forts les uns que les autres»

-  l’admiration, "pour le temps, la lumière, la nécessité, le hasard, pour les hommes et pour leur génie, pour cette beauté pleine de mystère…"

- la gaieté,  "S’il y a autre chose que le monde, ce monde-ci ne prête qu’à rire…. J’ai toujours essayé de m’amuser de la brièveté de la vie ".

- la gratitude, "Cette vie si lente et si brève m’a toujours été indulgente. Je l’ai beaucoup aimée. Je me suis longtemps demandé qui je devais remercier. Ce livre est destiné à régler la question.".

- «Tout est bien»,  "Le quatrième et dernier de ces sentiments auxquels je ne peux pas me soustraire, je ne sais pas quel nom lui donner. C’est un mélange de chagrin, de pitié et d’espérance …  J’espère - est-ce assez bête! – que la justice et la vérité, si souvent contrariés, sont, ici-bas d’abord, et peut-être même ailleurs, autre chose que des symboles et des illusions. Il faut toujours penser comme si Dieu existait et toujours agir comme s’il n’existait pas ". 

Un beau livre, un livre de lettré, d’humaniste,  d’honnête homme,  un livre de ce début du nouveau millénaire,  un livre d’espoir et d’espérance!
Un livre bourré de vitamines d’où je ressors pleine  de bonne humeur et de vitalité! 
Un livre pour vivre aujourd’hui!
Un grand livre chaleureux et tonique!

 On en parle  ICI, ICI, ICI, ICI,   ICI,  ICI, ICI
L'irrégulière l'a également beaucoup aimé, 
   
C’est une chose étrange à la fin que le monde de Jean d’Ormesson de l’Académie française, roman, rentrée littéraire 2010 ( Robert Laffont, 2010, 314 p.)

dimanche 26 septembre 2010

Strange fruit de Billie Holiday,



















Fruit étrange 


Les arbres du Sud portent un étrange fruit
Du sang sur leurs feuilles et du sang aux racines
Un corps noir se balançant dans la brise du Sud
Un fruit étrange suspendu aux peupliers

Scène pastorale du vaillant Sud
Les yeux exorbités et la bouche tordue
Parfum du magnolia doux et frais
Puis la soudaine odeur de chair brûlée.

Fruit à déchiqueter pour les corbeaux,
Pour la pluie à récolter,  pour le vent à assécher
Pour le soleil à mûrir, pour les arbres à perdre,
Etrange et amère récolte !

Strange Fruit
Southern trees bear strange fruit
Blood on the leaves
Blood at the root
Black bodies swinging in the southern breeze
Strange fruit hanging from the poplar trees.

Pastoral scene of the gallant south
The bulging eyes and the twisted mouth
The scent of magnolia sweet and fresh
Then the sudden smell of burning flesh

Here is a fruit for the crows to pluck
for the rain to gather
for the wind to suck
for the sun to rot
for the tree to drop
Here is a strange and bitter crop

Composed by Abel Meeropol (aka Lewis Allan)
Originally sung by: Billie Holiday

Strange Fruit (Fruit Etrange ) 
 Chanson composée en 1946 par Abel Meeropol afin de dénoncer les Necktie Party ( pendaison) qui avait lieu dans le Sud des Etats Unis et auxquels les Blancs assistaient habillés sur leur 31. Cette chanson fut offerte à Billie Holiday au tout début de sa carrière et fit tout son succès
http://www.youtube.com/watch?v=h4ZyuULy9zs
http://www.dailymotion.com/video/xjj7m_billieholidaystrangefruit1939_music

Pleinement de René Char

Quand nos os eurent touché terre,
Croulant à travers nos visages,
Mon amour, rien ne fut fini.
Un amour frais vint dans un cri
Nous ranimer et nous reprendre.
Et si la chaleur s'était tue,
La chose qui continuait,
Opposée à la vie mourante,
A l'infini s'élaborait.
Ce que nous avions vu flotter
Bord à bord avec la douleur
Etait là comme dans un nid,
Et ses deux yeux nous unissaient
Dans un naissant consentement.
La mort n'avait pas grandi
Malgré des laines ruisselantes,
Et le bonheur pas commencé.
A l'écoute de nos présences;
L'herbe était nue et piétinée.

René Char, poète et résistant français né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue et décédé à Paris le 19 février 1988
Les Matinaux, Joue et dors, Pleinement ( p.72, nrf, Poésie/Gallimard)

samedi 25 septembre 2010

Arrêt sur méthode ou petit moment de réflexion

Plongée dans ma lecture du livre de d’Ormesson : «C’est une chose étrange à la fin que le monde», je sens le besoin à mon tour  de faire le point sur ma vie actuelle qui, étant donné les circonstances, se résume en grande partie à la tenue de ce blog.
Je lis, je résume l’histoire, je donne mes impressions de lectrice, j’évite de parler de moi, ce qui n’est pas toujours possible, je lis d’autres blogs, je note les livres qui m’intéressent, je laisse ou pas des commentaires, je réponds aux miens, je contrôle mes statistiques, je passe souvent dans les bibliothèques et les librairies près de chez moi quand je fais mes courses, la Poste est redevenue un lieu  fréquentable dont je suis une habituée, je réponds aux mails qui sont pour beaucoup des sollicitations ou invitations d’éditeurs ou d’auteurs, de plus en plus intéressantes d’ailleurs, avec rencontres d’autres blogueuses aussi bien de mode, de cuisine, d’art en général que de littérature, dans des lieux mythiques pour apéros-dînatoires variés que je suis obligée de refuser généralement, bloquée que je suis en ce moment par des conditions familiales un peu particulières. Tel est donc mon quotidien et mon activité de lectrice blogueuse ou de blogueuse lectrice -  or depuis quelque temps, je me pose des questions à ce sujet.
Depuis plus d’un an, le pli est si bien pris  de commenter chacune de mes lectures que des habitudes, des rendez-vous se sont installés qui rigidifient ma pratique si bien qu’une certaine lassitude s’empare parfois de moi,comme en ce moment.
Je dois me recentrer, faire le point, revenir aux sources.

Mon credo : la liberté :  aller où mes envies et mes curiosités me mènent, uniquement!

Lire doit rester un loisir et non une pratique,  encore moins une rémunération d’appoint ( Sollicitations régulières de demandes toujours plus nombreuses pour faire de la pub)


Bloguer doit rester un plaisir. Rien d’autre!

Seulement voilà : les tentations sont nombreuses qui peuvent vite se transformer en pièges et m’enfermer dans une sorte de labyrinthe où je serais prisonnière.

Le blog comme une prison  où je me serais volontairement et joyeusement enfermée?

De quoi serait donc fait cet enfermement qui m’ôte une partie de mon plaisir? Quels sont les coupables?

- Les partenariats qui me rappellent parfois à l’ordre si je tarde trop à écrire mon billet sur le  livre offert?
- Les lectures communes pourtant bien agréables mais qui m’obligent à lire un certain livre à une certaine date?
- Les challenges qui me créent certaines obligations mais nettement plus légères cependant.
-  Les classements (je ne  connais que  le Wikio et Blogonet) qui maintiennent une certaine pression, quoi qu' on  puisse dire!
- Les statistiques qui influent sur mon humeur de la journée selon que le nombre de mes lecteurs s’accroît ou diminue.

Un peu de tout ça, bien sûr, mais comment faire autrement si je me suis habituée à aimer échanger et me savoir lue plutôt que de lire seule dans mon coin? L’idée d’écrire un billet qui ne serait ni lu ni commenté m’attriste.
 Heureusement, il y a tellement de moments bénis et de rencontres virtuelles fortes et fidèles, tellement de livres que j’aime et que je n’aurais jamais découvert sans mon petit tour quotidien sur les autres blogs par GR interposé que  cette fatigue et ce doute momentanés ne durent pas longtemps surtout quand je tombe  sur  une somme de réflexions légères et profondes comme dans le livre de d’Ormesson ou quand je m’apprête à lire la nouvelle page du Journal de George auquel je suis d'ores et déjà abonnée !

Vive donc le blog  avec  ses lecteurs fidèles ou occasionnels!  Vivent surtout les livres et leurs auteurs! Que serais-je en ce moment sans eux? 
Photo de lectrice trouvée chez Lali  (nom du peintre à retrouver)

vendredi 24 septembre 2010

L’affaire Saint-Fiacre de Georges Simenon

Un Maigret en guise de repos! Une relecture!  Une occasion de participer au Challenge Maigret de Peuples du soleil!
Un Maigret particulier puisque personne ne dépose plainte, puisque ce n’est pas Maigret lui-même qui dénoue l’intrigue, puisque tout se déroule entre l’église, l’auberge et le château du petit village de Saint-Fiacre  où le célèbre commissaire a vécu enfant, son père n’étant autre que l’ancien métayer du château. 

Une lettre anonyme ayant annoncé un crime, à l’église  pendant la première messe du Jour des Morts, Maigret s’y rend et en effet, à Minuit, la châtelaine meurt d’une crise cardiaque,  "agenouillée dans la stalle  qui depuis deux siècles était réservée à sa famille" .
En réalité, Maigret découvre un billet glissé dans son missel, lui annonçant  le suicide de son fils unique…  L’arme du crime était là : " Un morceau de journal grand de sept centimètres sur cinq " Quelqu’un de malveillant savait qu’elle était cardiaque  mais qui ? 
L’enquête commence pendant laquelle on soupçonne tour à tour le prêtre, le fils indigne à peine de retour, le secrétaire vaguement gigolo, le métayer et son fils employé de banque, le docteur  et  jusqu'au jeune enfant de chœur  complice pour un sifflet ! 
Tout se réglera tranquillement,  entre la scène initiale, la nuit des morts,  dans l’église et la scène finale, grandiose à la manière de Walter Scott et d’Agatha Christie,où tous les suspects sont réunis pour un dîner bien arrosé dans la grande salle du château. 
L’intérêt de la lecture ne vient pas tant de l’identité du criminel que de l’atmosphère très vieille France provinciale qui imprègne cette enquête et de la relative passivité de Maigret submergé par ses souvenirs d’enfance. 



"Jamais de sa carrière, Maigret n’avait été aussi mal à l’aise. Et sans doute était-ce la première fois qu’il avait la sensation très nette d’être inférieur à la situation. Les événements le dépassaient. Parfois il croyait comprendre et l’instant d’après une phrase de Saint-Fiacre remettait tout en question !  Et il y avait toujours ce pied insistant contre le sien".  


Jean Delannoy s’est inspiré de ce roman pour en faire un film : Maigret et l’affaire Saint-Fiacre. J’aimerais bien le voir maintenant, si je trouve le DVD  
L’affaire Saint-Fiacre  de Georges Simenon ( Presses Pocket, 1976, 185 p)

jeudi 23 septembre 2010

Sous le charme de Lillian Dawes de Katherine Mosby

Ayant beaucoup aimé les romans de Francis Scott Fitzgerald et de Truman Capote, il était normal que je succombe aussi aux charmes des personnages de Katherine Mosby et particulièrement à ceux du couple Lillian Dawes et Spencer Gibbs, ressentis, observés et racontés par Gabriel,  le jeune frère de 17 ans à peine renvoyé de son collège new yorkais et recueilli le temps des  vacances d’été par son frère Spencer, futur écrivain, juste le temps de tomber à son tour amoureux de Lillian. Celle-ci d’ailleurs séduit tout le monde. Elle est jeune, belle, évanescente, triste et enjouée à la fois, attirante à la manière   d'Holly Golightly, l’ inoubliable héroïne de Capote si magnifiquement interprétée par Audrey Hepburn. On ne sait pas au juste qui elle est ni d’où elle vient. Elle sait faire plein de choses : monter à cheval, soigner les blessures, grimper dans les arbres à toute allure, soigner les enfants et les animaux, peindre des aquarelles et rénover des pavements, chanter, danser, mais elle s’avoue très pauvre et ignorante, se bonifiant à l’école de la vie,  contrairement aux deux frères qu’elle subjugue et qui , eux, ne  sont  que les héritiers d’une riche et importante famille new yorkaise! Elle changera leur vie.
L’essentiel du roman tourne autour d’un long week end festif dans la propriété d’un ami où se rassemblent des personnages très différents, qui rient, mangent, boivent  fument beaucoup et  dansent sur des airs d’Ella Fitzgerald, de Dinah Washington et de Judy Garland. Nous sommes dans les années 50.
J’ai beaucoup aimé le trio que Lillian forme avec Spencer, le frère idéal, très attachant et Gabriel, le jeune tout fou qui fait là son initiation à la vie réelle. J’ai aimé aussi Lavinia,  la tante excentrique,  plus humaine et plus perspicace qu’il n'y paraît  au début ainsi que  son chien  M. Phipps, son dernier vrai lien avec la vie  et bien d’autres encore! Bref, c’était une très belle lecture!

« Lorsque j’avais demandé à Spencer s’il existait un remède à la condition moderne, il avait réfléchi un moment, pris une longue bouffée de la cigarette humide qu’il venait de rallumer et s’était enfoncé dans l’eau, ses genoux pointant au-dessus du bord de la baignoire de porcelaine. 
- Oui, avait-il répondu avec un sourire mystérieux, la littérature et l’amour. Tous deux procèdent de la même impulsion – connaître et être connu. »

« Je mangeais la tarte sous ses yeux de spécialiste non seulement du malheur mais de cette sorte de bonheur rare qui est proche de la grâce – ces moments où l’on est si complètement et si absurdement heureux que le monde s’imprègne de sublime, comme si un amour immense et vague saisissait dans son étreinte toute cette satanée planète, avec les verrues et tout le reste. L’aube se levait presque lorsque je dis bonsoir à Lillian sur le palier de l’escalier. »

« C’est comme ta dissertation sur Gatsby, le Magnifique. Tu as réduit Gatsby à un poseur, ce qui est une interprétation magiquement erronée du livre, mais plus important encore, de la nature humaine. »

C’était une  lecture commune  avec   Manu   qui  a eu la gentillesse de m’offrir ce livre après le swap sur New York  organisé cet été avec Amanda. Merci encore! 
L’avis de George, de Cocola,  de Lilly, Midola , Lou ,    
Sous le charme de Lillian Dawes de Katherine Mosby (Folio, Quao Voltaire, 2002/2009, 347p.) 
Titre original : The season of Lillian Dawes. Traduit de l’américain par Cécile Arnaud

La citation du jeudi, Madame Bovary,Flaubert

"La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles ".
Flaubert (Madame Bovary)
.Cité par Katherine Mosby dans  Sous le charme de Lillian Dawes
Idée lancée par Chiffonnette

mercredi 22 septembre 2010

Ne touchez à rien de Bezian et Simsolo, Bd du mercredi ,


 Ici,  l’héroïne, c’est la maison, une belle demeure bordelaise cossue, entourée d’une belle grille à l’ancienne,  un hôtel particulier, «en retrait du temps», dans une rue paisible d’un quartier résidentiel. Les anciens propriétaires, anciens taxidermistes , ont demandé , par testament, à être empaillés après leur mort et à être laissés dans une pièce de la maison au même titre que leurs animaux. Autre particularité de cette étrange maison: un immense baobab pousse au milieu d’une cour intérieure.
La maison est à vendre, pour pas cher à condition d’accepter de ne toucher à rien ! Sans qu'ils le sachent , dès  leur passage chez le notaire,  la vie des propriétaires dépendra de leur respect ou non de cette condition. Tour à tour la maison sera bénéfique ou maléfique. 
En 1890, quand débute l’histoire, c’est un riche homme d’affaires qui l’achète. Tout lui réussit! Le jour,  il mène son monde à la baguette, la nuit, il s'amuse et se dévergonde, sous l'œil attentif des oiseaux empaillés. Où a-t-il relégué les corps des anciens propriétaires? 
C’est une BD que j’ai beaucoup aimée, essentiellement pour les dessins que je crois pouvoir reconnaître très facilement désormais : un trait fin, des détails fignolés, des couleurs en aplats ,à base de violet, de prune, de jaune  ocre, de vert tesson de bouteille avec des touches vibrantes  de blanc et de noir d’autant plus présentes qu’elles sont rares. Et puis il y a les ombres, tout un jeu d’ombres, forcément dans une telle maison, avec un tel scénario sur fond de mystère..


Quatre histoires autour de la même demeure, à Bordeaux, à des dates différentes :
Printemps 1890 : Maison à vendre.
Printemps 1913 : Vraiment peu chère.
Printemps 1930 : Seule condition pour l’acheter : ne toucher à rien.
Hiver 1999 :   Quel est le prix à payer pour une parole non tenue ?
Ne touchez à rien de Bezian et Simsolo, Bd du mercredi ,
 (Albin Michel, 2004)

Participent aux BD du mercredi de Mango ,   Hathaway,  , Lounima,   Mathilde, Hilde  choco,  Herisson08 , Lystig , Manu ,  Mo' la fée , Valérie , Yoshi73 ,  Kikine , Noukette ,  Emmyne
  Dollylou,   Sandrounette


Ceci est ma première participation au challenge de Mo' la fée